PRELIMINAIRE DE PATRIMOINES DE REOTIER
Nous avons la chance de compter parmi nos adhérents des femmes et des hommes volontaires, enthousiastes et entreprenants. Parmi eux, Olivier Peyre est notre vice président. Il est l’auteur de cet inventaire. Il donne sans compter une énergie intellectuelle et physique extraordinaire. Aussi performant sur le terrain, outils à la main, que derrière son ordinateur pour chercher, réfléchir, comparer, écrire il nous offre trois mois après la création de l’association un outil incomparable pour bien connaitre notre patrimoine. Cette première synthèse sera le cadre de tout ce que nous allons faire pour valoriser les Patrimoines de Rèotier.
Il continue de foncer inlassablement. Nous essayons de le suivre et l’accompagner. Nous lui témoignons toute notre reconnaissance.
Sommaire
Introduction à l’inventaire patrimonial de Réotier P… 2
- Travaux préliminaires en vue du recensement patrimonial P… 5
– informations tirées des feuilles cadastrales
– informations tirées des matrices cadastrales
– toponymes tirés des matrices cadastrales
- Le recensement du bâti P.. 20
– sections A à F
– synthèse des données
- La question des « maisons » à partir des matrices cadastrales P.. 52
- Recensement des marques de religion à partir du cadastre P.. 60
- Recensement des moulins de Réotier à partir du cadastre P.. 82
- La gipière du Cros à partir du cadastre P.. 90
- La fontaine pétrifiante, un non-objet patrimonial ? P.. 94
- Cartographie du vignoble de Réotier à partir du cadastre P. 104
Fin provisoire P 114
Introduction à l’Inventaire patrimonial de Réotier
C’est au cours de la première réunion du bureau de l’association « Patrimoines de Réotier », mi-février 2020, que Louis Volle m’a demandé de dresser un inventaire patrimonial de la commune. J’ai accepté, mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie et comment s’y prendre ?
L’idée première a été de partir de l’utilisation du cadastre napoléonien de Réotier établi en 1833, un ensemble de documents aujourd’hui numérisés par les archives départementales, qui fournit pour la première fois une vision complète de la commune, que ce soit par la précision extraordinaire de ses vingt-deux plans détaillés ou ses milliers de pages de matrices comportant des informations précises pour chacune des neuf mille parcelles du territoire. Deux richesses qu’il faut naturellement croiser pour en tirer les informations essentielles.
La possibilité nous est donc offerte de recenser tous les éléments patrimoniaux d’une époque exempte de modernité, de saisir les témoignages de la relation forte des habitants d’alors avec leur territoire, puis dans un second temps, celui de l’inventaire proprement dit sur le terrain, de retrouver ce qu’il en reste aujourd’hui. Créer une base de données puis la confronter à la réalité, telle est la démarche choisie.
Mais qu’est-ce qui constitue patrimoine ? L’idée seconde est de partir d’une vision reconstruisant intellectuellement tout ce qui a été fait à l’époque de la civilisation montagnarde pour avoir aujourd’hui sous les yeux ce legs ancestral. De partir d’un substrat vierge de toute trace humaine alias la nature, et d’imaginer tout ce que les hommes en ont modifié afin de s’y établir, de pérenniser et d’améliorer leur établissement au fil des générations, bref de voir comment ils ont enrichi ce territoire de leur culture au sens général, puis d’en recenser les diverses expressions concrètes transmises jusqu’à nous.
Se nourrir d’un territoire, s’y accrocher, c’est déjà pour commencer bâtir des maisons afin de se mettre au-dedans, à l’abri des dangers, du froid, avoir un chez soi, construire pour le bien de la famille et des bêtes, pour la préservation des récoltes et de l’outillage, donc réaliser un ensemble de constructions individuelles ou regroupées ayant des fonctions multiples et diverses en fonction de l’altitude, et cet habitat classique, traditionnel, correspondant à la civilisation rurale, demeure aujourd’hui l’ensemble patrimonial le plus évident. Maisons, outillage et mobilier ancien, mais ici à partir du cadastre seulement le bâti, tout le bâti.
Parallèlement, il faut bien vivre, c’est-à-dire manger en tirant sa subsistance du sol, que ce soit par l’agriculture ou l’élevage, et pour cela il faut adapter le terrain aux conditions de l’agriculture. Sur les terrains en pente c’est construire des murs de pierres sèches, c’est réaliser des banquettes afin que lorsqu’on va semer, la terre ne ravine pas. Et où qu’on soit, c’est épierrer, c’est-à-dire enlever les pierres, les porter en bout de parcelle et constituer des clapiers. C’est maintenir la broussaille et la forêt à distance tout en l’exploitant, et tout cela, l’aménagement du sol, c’est le second legs patrimonial d’ordre paysager.
Ensuite il faut pouvoir circuler, aller aux champs, parcourir le territoire utile de haut en bas et de droite à gauche, et c’est la constitution d’un réseau viaire, de chemins étroits en pente ou non, formant là aussi une belle empreinte sur les terroirs. Certains champs, certaines prairies, des vergers et les jardins ont besoin d’être irrigués et il a fallu prendre l’eau aux torrents, creuser à flanc de coteau des canaux d’irrigation et conduire l’eau où elle était utile. Ces réseaux anciens font aussi partie du patrimoine, ce sont des équipements collectifs.
La transformation d’une récolte en nourriture va passer par diverses étapes nécessitant d’autres équipements collectifs : moulins à eau et fours à pain pour l’essentiel, mais il peut y avoir aussi des forges, des pressoirs, des moulins pour l’huile, des fontaines et des abreuvoirs, etc. On pourrait y ajouter les carrières.
Enfin, en termes d’équipements collectifs il va y avoir ce qui fait la cohésion des habitants, le partage d’une vision commune fondée sur la religion, et ce sera l’église paroissiale, les chapelles et les croix, la cure et le cimetière. On pourrait joindre à cela les restes du château féodal ainsi que l’ancienne mairie.
Tous ces éléments forment système, un système qui a permis la pérennité de la vie sur notre territoire pendant près de mille ans. Aujourd’hui ils appartiennent tous au patrimoine, puisque nous n’appartenons plus, nous, –certes depuis peu- à cette civilisation rurale, puisque nous n’avons plus cette relation forte à la terre et à ce territoire de manière physique.
Pendant ces siècles, ce qui a été réalisé d’une manière ou d’une autre et en autarcie, l’a été par les habitants et pour les habitants, de la décision à l’usage, même s’il y a pu y avoir des incitations du pouvoir religieux. Il n’y a pas eu intervention du pouvoir royal comme cela a été fait pour la route principale de la vallée ou pour la création de la place-forte de Montdauphin. La carrière de gypse du Cros ? Quant à la récente entité départementale elle ne finance rien puisque sur le cadastre il n’y a aucune voie carrossable telle que nous les empruntons aujourd’hui, ça, ce sera pour le dernier tiers du XIXème siècle, comme pour l’édification de la voie ferrée.
Ni intervention extérieure donc, ni moyens techniques autres que la force individuelle et collective de l’homme aidé par ses bêtes, peut-être un peu de poudre pour casser sporadiquement un rocher, et encore ! Et c’est justement parce qu’il y a cette extrême faiblesse des moyens techniques et que tout est réalisé à la taille de l’homme, qu’il n’y a aucune démesure, que l’œuvre humaine s’intègre pleinement au cadre montagnard, que cela nous touche.
Parce qu’on peut s’imaginer soi-même entretenir un champ, parce qu’on peut comprendre les efforts obligés, la fatigue, la persévérance et la souffrance, parce qu’on peut voir d’un versant à l’autre le résultat de ces siècles de travail patient et toujours recommencé. Le patrimoine respire l’homme et c’est pourquoi il nous émeut, et c’est pourquoi « on est mal » face à cette déprise agricole, à cet embroussaillement généralisé, à ces ruines, alors même qu’on sent bien qu’on fait partie de cette chaine humaine de génération en génération. Au final, on réagit donc en voulant sauver ce qui peut l’être.
Personnellement, j’ai une conception globale du patrimoine aux antipodes de la notion d’objet isolé remarquable. Lorsque je vois un milieu anciennement humanisé, je vois du patrimoine paysager, le témoignage d’une culture où tout fait système, où tout fait sens jusqu’aux délimitations des alpages (que le profane croit naturelles), tout en sachant qu’il faudra évidemment choisir dans tout cela pour protéger et valoriser.
Choisir, sélectionner des exemples de paysages de montagne marqués par l’homme ? Je n’aime pas trop la notion de typicité, de paysage typique, je préfère celle de lieux identitaires forts, esthétiques et pédagogiques. Si l’on prend la cote du Villard, un bel adret humanisé d’altitude, entre les Grands Prés et le torrent du Villard, on a ce paysage classique où tout y est : sol aménagé, habitat, canaux, chemins, bref un système constituant un paysage remarquable, un patrimoine paysager intéressant quoiqu’en voie d’embroussaillement.
Il y a là-dedans des éléments singuliers comme le canal du Pré du Bois, mais leur intérêt est dynamisé par leur mise en contexte géographique, par leur mise en relation avec les autres éléments du coin, et inversement à leur tour ils renforcent l’intérêt global des lieux. Et bien plus en aval, que demeure-t-il de l’ancien vignoble ?
Concernant la méthode, avant de passer à l’inventaire, qui suppose des fiches explicatives, détaillées et iconographiques, déblayons donc le terrain avec un recensement de ce qui forme patrimoine sur le cadastre de 1833, en combinant plans et matrices.
- Travaux préliminaires en vue du recensement patrimonial
Informations tirées des feuilles cadastrales
SECTION A
– Section A du Villar, feuille 1 au 1/5000ème : rien
– Section du Villar, feuille 2 au 1/5000ème : 3 constructions à Bouffard / canal de Bouffard / chemin et parcellaire de Bouffard + mention de la « fontaine de Pierre Cheylan » hors commune
– Section du Villar, feuille 3 au 1/1250 et 1/2500ème : hameau du Bas Villar (3 ensembles bâtis) + constructions de Roumeyer et de l’Adrech / canaux de Roumeyer et de l’Adrech / réseau viaire + pont et parcellaire
– Section du Villar, feuille 4 au 1/1250ème : 6 ensembles bâtis (Pré du Bois, les Eymards, les Collombs, les Ponses, les Bruns, les Rascles) / canal du Pré du Bois, canal des Bruns / réseau viaire + pont et parcellaire
SECTION B
– Section B du Cros et Saint-Thomas, feuille 1 au 1/1250ème : ensemble bâti de Saint-Thomas, chapelle rurale secteur du Claus, moulin de Saint-Thomas / canal de Saint-Thomas / réseau viaire + parcellaire dont le site du Gros Rial.
– Section B du Cros et Saint-Thomas, feuille 2 au 1/2500ème : réseau viaire
– Section B du Cros et Saint-Thomas, feuille 3 au 1/1250ème : 3 ensembles bâtis (les Terrasses, la Fouent, les Jourdans), 3 cabanes isolées + croix des Terrasses sur feuille d’assemblage / réseau viaire et parcellaire + une source (Serre Rambaud et Coste Chaude)
SECTION C
– Section C de Truchet, feuille 1 au 1/5000ème : constructions de Cériès et de Barret /canal de Manouel + 3 petits canaux / un peu de parcellaire
– Section C de Truchet, feuille 2 au 1/1250ème : ensembles bâtis de la Haute et de la Basse Rua (2) et de Mikéou / canal de Manouel, canal du Clot, canal de Beau Regard (supérieur et inférieur), canal de l’Aubrée / réseau viaire et parcellaire
– Section C de Truchet, feuille 3 au 1/1250ème : ensemble bâti de l’Aubrie / canaux de Beau Regard, canal de l’Aubrie / réseau viaire et parcellaire
– Section C de Truchet, feuille 4 au 1/1250ème et 1/2500ème : 10 ensembles bâtis (les Guions, Truchet haut (3), les Heuriès, Truchet bas (3), les Lajards, Chausset) + chapelle de Saint-Roch sur feuille d’assemblage / canal de Mikéou, canaux de Beau Regard / réseau viaire et parcellaire, fontaine des Guions
– Section C de Truchet, feuille 4 au 1/1250ème : canal de Manouel, canal des Imbertes / réseau viaire et parcellaire
SECTION D
– Section D de l’Eglise, feuille 1 au 1/1250ème : 4 ensembles bâtis (les Sagnes, la Combe, la Grangette, l’Eglise) + croix à l’ouest de l’église = croix du Jubilé sur la feuille d’assemblage) le Rialet / réseau viaire et le parcellaire
– Section D de l’Eglise, feuille 2 au 1/1250ème : 2 ensembles bâtis (les Sagnes et les Moulinets Bas) / canal des Sagnes / réseau viaire et parcellaire
– Section D de l’Eglise, feuille 3 au 1/625ème : le Rial + parcellaire
SECTION E
– Section E de la Bourgea et du Fournet, feuille 1 au 1/1250ème : 2 ensembles bâtis (la Bourgea et Fontbonne) / canal de Manouel, canal de Coste Moutette / réseau viaire et parcellaire
– Section E de la Bourgea et du Fournet, feuille 2 au 1/1250ème : 6 ensembles bâtis (les Moulinets, la Gagière, le Fournet, les Mensoles Hautes et Basses, les Garniers) + moulin de Clavelle + cabane de Rolland / canal de Coste Moutette, canal de la Gagière + 3 autres canaux / réseau viaire et parcellaire
SECTION F
– Section F des Casses, feuille 1 au 1/5000ème : croix Fouran / réseau viaire et parcellaire
– Section F des Casses, feuille 2 au 1/1250ème : ensemble bâti des Bruns + croix du Coq / canal de la Pisse / réseau viaire et parcellaire
– Section F des Casses, feuille 3 au 1/1250ème : ensemble bâti du Goutail, Eglise vieille / canal de la Gargue, canaux du Goutail, canal de Mounard, / réseau viaire et parcellaire
– Section F des Casses, feuille 4 au 1/1250ème : 4 ensembles bâtis (hameau des Casses, Rabastelle, les Oliviers et Pinfol) /canal des Casses, canal de Freyssinières / réseau viaire et parcellaire
Informations tirées des matrices cadastrales
SECTION A
– Section A du Villar, feuille 1 : rien
– Section A du Villar, feuille 2 :
193 : bâtiment rural et vacant (Bouffard)
194 : bâtiment rural
195 : bâtiment rural
213 : bâtiment rural et vacant
214 : bâtiment rural et vacant
215 : bâtiment rural et vacant
218 : bâtiment rural et vacant
– Section A du Villar, feuille 3 :
262 : bâtiment rural (Adrechs)
336 : bâtiment rural (Roumeyer)
337 : bâtiment rural et vacant
462 : bâtiment rural (Bas Villar)
466 : bâtiment rural et vacant
467 : bâtiment rural et vacant
472 : bâtiment rural et vacant
473 : bâtiment rural et vacant
483 : bâtiment rural
484 : bâtiment rural
485 : bâtiment rural
486 : bâtiment rural
488 : bâtiment rural et vacant
489 : bâtiment rural et vacant
490 : bâtiment rural et vacant
491 : bâtiment rural et vacant
– Section A du Villar, feuille 4 :
570 : bâtiment rural et vacant (les Rascles)
571 : bâtiment rural et vacant
794 : bâtiment rural et vacant (les Ponses)
795 : bâtiment rural et vacant
796 : bâtiment rural et vacant
812 : bâtiment rural (les Collombs) (811 sur plan)
813 : bâtiment rural et vacant néant
814 : bâtiment rural et vacant
815 : bâtiment rural et vacant
816 : bâtiment rural et vacant
962 : bâtiment rural (les Bruns)
963 : bâtiment rural
964 : bâtiment rural
965 : bâtiment rural
967 : chazal
968 : chazal
969 : bâtiment rural et vacant
970 : bâtiment rural et vacant
974 : bâtiment rural et vacant
1134 : bâtiment rural et vacant (Pré du Bois)
1135 : bâtiment rural et vacant
1136 : bâtiment rural et vacant
1199 : bâtiment rural et vacant (Sous les Eymars)
1200 : bâtiment rural et vacant
1201 : bâtiment rural et vacant
1203 : bâtiment rural et vacant
1205 : bâtiment rural et vacant
SECTION B
– Section B du Cros et Saint-Thomas, feuille 1 :
21 : maison (Saint-Thomas)
29 : maison
31 : maison
32 : maison
33 : maison
126 : chapelle en ruine
507 : cabane (Eyssartras)
– Section B du Cros et Saint-Thomas, feuille 2 : rien
– Section B du Cros et Saint-Thomas, feuille 3 :
756 : cabane (l’Arenas)
775 : cabane (coloré sur le plan, non indiqué sur la matrice) (les Routes) + 782
839 : cabane (= non colorée sur le plan) (les Ribes)
938 : écurie et vacant (les Terrasses)
940 : four
941 : maison
942 : maison
943 : maison
944 : maison
945 : maison
946 : maison
975 : maison (la Fouent)
976 : maison
977 : maison
986 : four (les Jourdans)
988 : maison
989 : maison
990 : maison
991 : maison
992 : maison
994 : maison (non colorée sur le plan)
995 : maison (non colorée sur le plan)
996 : maison (non colorée sur le plan)
997 : maison (non colorée sur le plan)
SECTION C
– Section C de Truchet, feuille 1 :
18 : bâtiment rural (Cériès)
28 : masure (Barret)
38 : chazal
– Section C de Truchet, feuille 2 :
63 : moulin en ruine (la Vernie)
140 : bâtiment rural (Haute Rua)
141 : bâtiment rural
142 : bâtiment rural et vacant
143 : bâtiment rural et vacant
144 : bâtiment rural et vacant
145 : bâtiment rural
147 : bâtiment rural
148 : bâtiment rural
149 : bâtiment rural
161 bis : bâtiment rural et vacant (Basse Rua)
162 : bâtiment rural et vacant
162 bis : bâtiment rural et vacant
163 : bâtiment rural et vacant
164 : bâtiment rural
350 : mazure (Mikéou)
351 : bâtiment rural
352 : bâtiment rural (353 idem et barré)
354 : bâtiment rural
355 : bâtiment rural
356 : bâtiment rural
357 : bâtiment rural
– Section C de Truchet, feuille 3 :
573 : mazure (l’Aubrié)
574 : four
579 : maison
580 : maison
581 : maison
582 : maison
583 : maison
584 : maison
585 : maison
586 : maison
596 : grange
609 : cave et vacant
– Section C de Truchet, feuille 4 :
854 : chapelle (Saint-Roch)
857 : bâtiment rural et vacant (Devant St Roch)
858 : bâtiment rural
909 : bâtiment rural (les Henryes)
912 : masure et vacant
913 : bâtiment rural et vacant
914 : bâtiment rural et vacant
949 : bâtiment rural et vacant (Truchet)
950 : masure
951 : bâtiment rural
952 : bâtiment rural et cour
953 : four
973 : bâtiment rural et vacant (Sur le Serre)
1035 : bâtiment rural (Chausset)
1087 : bâtiment rural et vacant (les Lajards)
1088 : bâtiment rural
1089 : bâtiment rural
1090 : masure
1091 : masure
1133 : bâtiment rural et vacant (Truchet)
1134 : bâtiment rural et vacant
1136 : bâtiment rural et vacant
1138 : four
1160 : bâtiment rural, masure et vacant
1161 : masure
1162 : masure
1197 : masure et vacant
1198 : bâtiment rural et vacant
1200 : bâtiment rural
1226 : bâtiment rural et vacant (non coloré) (Dessous le Béal Neuf)
1287 : bâtiment rural et vacant (les Guions)
1288 : bâtiment rural
1289 : bâtiment rural et vacant
1290 : bâtiment rural et vacant
1291 : bâtiment rural et vacant
– Section C de Truchet, feuille 5 :
1462 : masure (non coloré) (Manouel)
SECTION D
– Section D de l’Eglise, feuille 1
165 : maison (la Combe)
166 : four
171 : maisons
172 : maison
177 : maison
178 : bâtiment rural (maison = barré)
179 : maison
180 : maison
181 : maison
182 : maison
183 : maison
239 : maison (la Grangette)
242 : four
243 : maison
244 : maison
245 : maison
251 : église
252 : cimetière
253 : presbytère
311 : maison (les Sagnes)
311 : partie du 1er étage
312 : maison
312 : grenier à foin
312 : grenier à foin
313 : maison
313 : premier
314 : maison
314 : partie du premier
314 : partie du second
316 : cave et vacant
317 : maison
324 : four et cour
325 : maison
– Section D de l’Eglise, feuille 2
356 : four (les Sagnes)
357 : maison
358 : maison
359 : maison
359 : grange
395 : masure (non coloré) (Champ du Truel)
398 : moulin (non coloré)
419 : maison (Bas Moulinets)
420 : cave
421 : maison
422 : maison
424 : maison
425 : maison
426 : maison
427 : maison en construction et vacant
428 : maison
429 : cave
430 : écurie
431 : maison
432 : maison
433 : écurie
– Section D de l’Eglise, feuille 3 : rien
SECTION E
– Section E de la Bourgea et du Fournet, feuille 1
32 : maison (la Bourgea)
34 : maison
36 : écurie et vacant
36 : grenier à foin
37 : rez de chaussée
37 : premier
37 : grenier à foin
38 : maison
39 : maison
43 : chambre
44 : maison
46 : maison
47 : maison
54 : maison
55 : four
56 : maison
57 : maison
57 : sol, forge et vacant
58 : maison
270 : maison (Font Bonne)
271 : écurie (= barré)
272 : maison, le rez de chaussée et vacant (= barré)
272 : le premier et vacant (= barré)
272 : le second (= barré)
273 : maison
274 : maison
275 : maison
276 : maison
280 : bâtiment rural (maison = barré)
281 : four
– Section E de la Bourgea et du Fournet, feuille 2
514 : chapelle et vacant (Pré de la Chapelle)
516 : écurie et vacant (Fournet)
517 : maison
519 : maison
520 : maison
521 : maison
522 : maison
529 : cave
530 : cave
531 : maison
533 : four
534 : maison
547 : maison
548 : maison
549 : maison
550 : rez de chaussée
550 : ½ du premier
550 : ½ du premier
550 : grenier à foin
551 : maison
552 : maison
642 : moulin (Clavelle)
692 : maison (Moulinet haut)
694 : maison
695 : maison
696 : maison
697 : écurie
697 : grenier à foin
698 : maison
699 : maison
700 : four
702 : maison
703 : maison
710 : bâtiment rural (maison = barré)
711 : maison
717 : bâtiment rural (maison = barré)
777 : maison (Gagière)
779 : four et vacant
781 : maison
891 : cabane et vacant (Rolland)
1022 : maison (Mensolles)
1022 : sol, four et vacant
1025 : maison
1026 : bâtiment rural (maison = barré)
1027 : maison
1028 : maison
1106 : maison (Mensolles hautes)
1117 : écurie
1119 : maison
1120 : maison
1121 : maison
1122 : maison
1122 : maison
1123 : maison
1124 : maison
1137 : cave
1138 : maison
1139 : maison
1264 : four (les Garniers)
1265 : maison
1275 : maison
SECTION F
– Section F des Casses, feuille 1 : rien
– Section F des Casses, feuille 2
88 : maison (les Bruns)
89 : maison
97 : chapelle
98 : four
99 : maison
99 : sol, chazal et vacant
100 : maison
100 : sol, engart et vacants
101 : maison
101 : sol, engart et vacants
102 : maison
103 : maison
104 : maison
105 : maison
106 : maison
107 : maison
137 : maison
– Section F des Casses, feuille 3
425 : maison (Goutail)
426 : maison
428 : maison
428 : sol, engart, four et vacant
429 : cave et vacant (non coloré)
445 : maison (non coloré) (Maison du Roi)
936 : ancienne église ruinée (= marquée Eglise Vieille) (Saint-Pancrace)
– Section F des Casses, feuille 4
1620 : maison (les Casses)
1622 : maison
1623 : bâtiment rural (maison = barré)
1624 : maison
1630 : four et engart
1631 : maison
1632 : maison
1633 : cave
1634 : cave
1634 : grenier à foin
1635 : maison
1636 : maison
1638 : maison
1650 : maison (Sous les Casses)
1651 : chazal et vacant
1652 : maison
1657 : maison
1659 : écurie et vacant
1660 : écurie et vacant (les Casses)
1661 : four
1663 : maison (forge écurie = barré)
1667 : maison
1668 : premier, sol et écurie
1668 : grenier à foin
1669 : maison
1670 : maison
1671 : cave
1671 : grenier à foin
1672 : maison
1673 : cave
1674 : cave
1675 : maison
1676 : maison
1677 : maison
1677 bis : premier écurie et sol
1677 bis : second
1678 : maison
1679 : maison
1845 : maison (Rabastelle)
1845 : sol vacant et four
1846 : maison
1907 : maison (bâtiment rural et vacant = barré) Oliviers
1908 : bâtiment rural et vacant (maison = barré)
1909 : écurie et vacant
1910 : maison
1911 : maison
1920 : maison
1952 : four (Pinfol les Bois)
1959 : maison
1960 : maison
1961 : vacant (= coloré sur le plan)
1962 : maison
1964 : maison
1965 : écurie
1965 : premier et grenier à foin
1966 : écurie
1967 : maison
1968 : maison
1969 : maison
1970 : maison
Ce recensement est un relevé des matrices cadastrales que j’ai ensuite croisé avec les informations des feuilles cadastrales.
Toponymes tirés des matrices cadastrales
Section A : le Pont 454 à 456
: Derrière les Granges 468 et 469, 482
: Sans Païre 554 à 561
: Derrière Maison 857
: Derrière les Maisons 859
: Devant Maison 878, 926 et 927
: Moulinas 1036 à 1038, 1150 à 1154
: Derrière Maison 1120 et 1121
: Devant Maison 1167 et 1168
Section B : Derrière Saint-Thomas 1 à 20
: Saint-Thomas 21 à 55 et 61 à 85 + 122 à 133
: le Calvaire 719 à 723
: Crousette 828 à 830, 873 à 883 (= Crouzette)
: la Gipière 907 à 925 et 1112 à 1120 + 1125
: la Croix 928, 1057 à 1067
: Sur la Gipière 1090 à 1097
: Crousette 1271 à 1275
Section C : Saint-Roch 854
: Devant Saint-Roch 855 à 858
: Devant Maison 956 et 957
: Croix de Bellourenq 1027 à 1030
: Devant Maison 1131 et 1132
: Maisonnasse 1316, 1344 à 1363, 1377 à 1385, 1690
Section D : Derrière Maison 297 à 300
: Bas Moulinets 418 à 434
: Coueste du Moulin 575 à 582, 782 à 802
: Moulinets 583 à 589
Section E : Croix de la Bourgea 132 à 135
: Viallaret Bas 156 à 177, 200 à 217
: Villaret (la Muande barrée) 186 à 189
: Viallaret Haut 218 à 226
: la Croix 435 et 436
: la Croix sous le Chemin 437
: Derrière Maison 488
: Pré de la Chapelle 512 à 514
: la Chapelle 515
: Derrière le Moulinet Haut 686 à 691
: Moulinet Haut 692 à 712, 716 à 718
: Verger sous le Molinet Haut 713 à 715
: Devant Maison 1271 et 1274
Section F : Poua de la Croix 158
: Champ la Croix 164 et 165, 167 (de), 178
: Pré la Croix 166, 168 à 170 (de)
: Maison du Roi 445 et 446
: Sous la Maison du Roi 447 et 448
: Saint-Pancrace 900 à 906, 915 à 947, 956 à 962
: St Pancrace au-dessus du chemin : 963 à 966, 980 bis à 999, 1157 à 1171
: Saint-Claude 967 à 980
: Clot Moulin 1488 à 1496, 1504 à 1512
: Clot du Moulin 1758 à 1773
: Sous la Croix 1808 et 1809
: Derrière Maison 1902 et 1903
: Devant Maison 1913 à 1915, 1919
: la Croix 1938 et 1939, 1976
: la Croix sous le chemin 1940 et 1941
: Devant Maison 1942 et 1943
: Sous le Four 1950, 1951, 1953
: Derrière Maison 1983 à 1986
Toutes ces données sont à cartographier, à commencer par le bâti, hameau par hameau.
- Le recensement du bâti commun
Revenons aux informations tirées des matrices cadastrales et exploitons-les d’un point de vue quantitatif et cartographique, dans l’ordre des sections de A à F, puis pour chacune d’entre elles dans l’ordre des feuilles.
Le bâti commun ce sont les maisons et autres constructions privées à usage agricole. Ne nous soucions pas trop des différences d’orthographe entre la graphie de l’époque de Louis-Philippe et la nôtre. Attention, tous les extraits cartographiques ne sont pas à la même échelle.
Après le recensement, il y aura un temps pour la synthèse des données.
SECTION A du Villar
Si la feuille 1 ne mentionne aucune construction, la feuille 2 énumère 7 parcelles bâties à Bouffard, allant des numéros 193 à 218. Toutes sont définies comme supportant des bâtiments ruraux (associés ou non à des vacants), mais le plan ci-après ne montre en fait que 3 constructions indépendantes les unes des autres.
Document n°1 : le bâti de Bouffard
Capture d’écran du site archives.hautes-alpes.fr, idem pour les images suivantes
La feuille 3 énumère 16 parcelles bâties avec des numéros allant de 262 à 491 (1 à l’Adrech, 2 à Roumeyer et 13 au Bas Villar). Toutes supportent des bâtiments ruraux (associés ou non à des vacants), le plan montrant des constructions indépendantes : 1 à l’Adrech, 1 à Roumeyer, 5 au Bas Villar.
Document n°2 : le bâti de l’Adrech
Document n°3 : le bâti de Roumeyer et du Bas Villar
Ce plan montre pour les n°490 et 491 à chaque fois un escalier.
La feuille 4 énumère 27 parcelles bâties, avec des numéros allant de 570 à 1205 (2 aux Rascles, 3 aux Ponses, 5 aux Collombs, 9 aux Bruns, 3 au Pré du Bois, 5 Sous les Eymars). Toutes supportent des bâtiments ruraux, à l’exception de 2 chazals aux Bruns, le plan montrant des constructions indépendantes : 1 aux Rascles, 2 aux Ponses, 2 aux Collombs, 6 aux Bruns (les chazals portant les n° 967 et 968), 1 au Pré du Bois, 2 aux Eymars.
Document n°4 : le bâti global en amont du Bas Villar
Vue générale nécessitant un peu plus de précision.
Document n°5 : le bâti des Eymars, des Collombs et des Ponses
Document n°6 : le bâti des Bruns
Au total le recensement de la section A montre 50 parcelles bâties dont 48 bâtiments ruraux et 2 chazals, soit 24 constructions indépendantes.
SECTION B du Cros et Saint-Thomas
La feuille 1 énumère 7 parcelles bâties, avec des numéros allant de 21 à 507 (6 à Saint-Thomas, 1 aux Eyssartras). 5 supportent des maisons, 1 chapelle en ruine, 1 cabane. Le plan du hameau de Saint-Thomas montre 3 constructions indépendantes, en effet pour la maison n°29 il est précisé : sol, four et vacant. Sur le plan, le four est le carré isolé. Quant aux constructions à caractère religieux, nous y viendrons plus tard. 5 constructions indépendantes donc.
Document n°7 : le bâti de Saint-Thomas
Si sur la feuille 2 il n’y a pas de bâti mentionné, voici ce qu’il en est pour la feuille 3 :
La feuille 3 énumère 24 parcelles bâties, avec des numéros allant de 756 à 997 (1 à l’Arénas, 1 aux Routes, 1 aux Ribes, 8 aux Terrasses, 3 à la Fouent, 10 aux Jourdans). Les quartiers de l’Arénas, des Routes et des Ribes ont chacune une cabane, même si deux ne sont pas colorées sur le plan. Le reste est composé de maisons (18), celles des n°994 à 997 ne sont pas colorées, je les ai surlignées en noir. Aux Terrasses, le n° 938 est une écurie, le n°940 est un four, aux Jourdans le n°986 est aussi un four. A ce sujet, l’observation des constructions n°946 aux Terrasses et n°992 aux Jourdans montre un saillant de forme arrondie qui ne peut être qu’un four.
Document n°8 : le bâti du Cros
En résumé, il y a 4 constructions indépendantes aux Terrasses, 1 à la Fouent et 3 aux Jourdans, soit 8 constructions indépendantes au Cros.
Au total le recensement de la section B montre 31 parcelles bâties dont 23 maisons et 8 constructions diverses dont 4 cabanes. 13 constructions indépendantes de tailles très diverses donc.
SECTION C de Truchet
La feuille 1 énumère 3 parcelles bâties, avec des numéros allant de 18 à 38 (1 à Cériès = un bâtiment rural, 2 à Barret = une masure / mazure et un chazal). 3 constructions indépendantes donc.
Document n°9 : le bâti de Barret
La masure est la parcelle 28, le chazal le 38. Les cours d’eau s’écoulent de gauche vers la droite.
Document n°10 : le bâti de Cériès
Le canal coule de haut vers le bas de l’image.
La feuille 2 énumère 22 parcelles bâties, avec des numéros allant de 63 à 357 (1 à la Vernie, 9 à la Haute Rua, 5 à la Basse Rua, 7 à Mikéou). Pour la Vernie on signe un moulin en ruine, pour la Haute et la Basse Rua ce ne sont que des bâtiments ruraux, comme à Mikéou, à l’exception d’une masure au n°350.
Document n°11 : le bâti des Rua
Document n°12 : le bâti de Mikéou
1 construction indépendante à la Vernie, 4 à la Haute Rua, 3 à la Basse Rua et encore 2 autres à Mikéou, 10 en tout.
La feuille 3 énumère 12 parcelles bâties, avec des numéros allant de 573 à 609, toutes au quartier de l’Aubrié. Ce sont toutes les maisons, à l’exception des n°573 (masure), 574 (four), 596 (grange), 609 (cave).
Document n°13 : le bâti de l’Aubrié
4 constructions indépendantes.
La feuille 4 énumère 35 parcelles bâties avec des numéros allant de 854 à 1291 (1 à Saint-Roch, 2 à Devant Saint-Roch, 4 aux Henryes, 5 à Truchet (aval), 1 sur le Serre, 1 à Chausset, 5 aux Lajards, 10 à Truchet (amont), 1 à Dessous le Béal Neuf et 5 aux Guions).
Tous sont des bâtiments ruraux, sauf à Saint-Roch, où le n°854 est une chapelle, aux Henryes n°912 une masure, à Truchet aval n°950 une masure et n°953 un four, aux Lajards n°1090 et 1091 des masures, à Truchet amont au n°1138 un four, aux n°1160 (partiellement), 1161, 1162 et 1197 des masures.
Document n°14 : le bâti global de Truchet
Cet extrait de plan figure l’ensemble du bâti de Truchet, des Guions à gauche à Chausset à droite. Si Chausset est à 1320 m d’altitude, les Guions se situent à 1445 m. Le plan indique par deux fois Truchet, c’est pourquoi j’ai appelé la mention de gauche Truchet amont et celle de droite Truchet aval.
Document n°15 : le bâti du secteur Truchet amont
La parcelle 1226 n’est pas colorée mais est décrite comme un bâtiment rural avec vacant, je l’ai surlignée en noir. Les parcelles bâties 1289 aux Guions, 857 Devant Saint-Roch, 1160 et 1198 voire 1200 bénéficient d’un escalier. 6 constructions indépendantes pour ce secteur.
Document n°16 : le bâti du secteur Truchet aval
Les parcelles 913 aux Henries, 1133 et 1136 à Truchet, ainsi que 1087 et 1088 aux Lajards, bénéficient d’escaliers. 8 constructions indépendantes pour ce secteur.
Document n°17 : le bâti de Chausset
Je n’ai pas centré le bâti de Chausset (en bas à droite) mais l’ai situé par rapport aux Lajards. 1 construction indépendante, et 15 pour la totalité du secteur géographique de Truchet.
La feuille 5 énumère 1 parcelle bâtie, n°1462, une masure au quartier de Manouel qui n’est pas colorée, une seule construction indépendante donc.
Document n°18 : le bâti de Manouel
J’ai surligné en noir le bâtiment.
Au total le recensement de la section C montre 73 parcelles bâties formant 33 constructions indépendantes de tailles très diverses.
SECTION D de l’Eglise
La feuille1 énumère 33 parcelles bâties avec des numéros allant de 165 à 433 (11 à la Combe, 8 à la Grangette, 14 aux Sagnes). La situation est assez complexe car une même parcelle bâtie peut être composée de plusieurs éléments, ne serait-ce qu’en fonction des étages. La majorité est des maisons (19), mais on note pour la Combe un four au n°166, un bâtiment rural au n°178 (avec le terme maison barré), pour les Grangettes un four au n°242, sans compter l’église (n°251), le cimetière (n°252) et le presbytère (n°253). Quant aux Sagnes, c’est là qu’on départage en fonction des étages, on relève des greniers à foin au n°312, une cave au n°316 et un four au n°324.
Document n°19 : le bâti de la Combe, de la Grangette et des Sagnes
On relève 5 constructions indépendantes à la Combe, 7 à la Grangette / l’Eglise et 8 en comptant le cimetière, 4 aux Sagnes donc 17 au total. Les maisons 312 et 317 des Sagnes bénéficient d’un escalier, deux formes arrondies (n°311, non coloré et 325) peuvent faire penser à des fours.
Document n°20 : le bâti de la Combe
Pour mieux y voir.
La feuille 2 énumère 21 parcelles bâties avec des numéros allant de 356 à 433 (5 aux Sagnes, 2 au Champ du Truel, 14 aux Moulinets Bas). La majorité est des maisons (13), mais on note pour les Sagnes un four au n°356, une maison partagée avec une grange au n°359, au Champ du Truel une masure au n°395 et un moulin au n°398, aux Moulinets Bas des caves aux n°420 et 429 ainsi que des écuries aux n°430 et 433. A noter qu’au n°427 il est signalé maison en construction.
Document n°21 : le bâti des Sagnes
J’ai orienté avec l’amont en haut. C’est ici la partie la plus en aval du hameau. Escalier au n°358, 2 constructions indépendantes.
Document n°22 : le bâti des Moulinets Bas
5 constructions indépendantes et donc 9 pour la feuille.
La feuille 3 n’ayant pas de construction, au total le recensement de la section D montre 54 parcelles bâties formant 26 constructions indépendantes de tailles très diverses.
SECTION E de la Bourgea et du Fournet
La feuille1 énumère 30 parcelles bâties allant du n°32 au n°281 (19 à la Bourgea et 11 à Font Bonne). Il y a une courte majorité de maisons entières, mais parfois une seule parcelle est décomposée en écurie et grenier à foin, en rez-de-chaussée et premier, voire en une seule chambre (= une pièce).
Document n°23 : le bâti de la Bourgea
Image orientée dans le sens de la pente avec l’amont en haut.
Le n°36 se décompose en une écurie et un grenier à foin, le n°37 comprend également un grenier à foin, le n°43 est une simple chambre, le n°55 un four et le n°57 une maison avec vacant et forge. Les n°34 et 47 bénéficient d’un escalier, les n°34 et 37 voire 44 possède un saillant en arrondi faisant penser à un four. 8 constructions indépendantes.
Document n°24 : le bâti de Font Bonne
Même principe pour l’orientation, face à la montagne.
Au n°271 le mot écurie est barré, au n°280 le terme maison est barré et remplacé par celui de bâtiment rural et le n°281 est un four. Il n’y a que 2 constructions indépendantes.
La feuille 2 énumère 61 parcelles bâties allant du n°514 au n°1275 (1 au Pré de la Chapelle, 20 au Fournet, 1 à Clavelle, 14 aux Moulinets Hauts, 3 à la Gagière, 1 à Rolland, 6 à Mensolles, 12 aux Mensolles Hautes et 3 aux Garniers). Il y a une majorité de maisons entières (39), des parties de maison (jusqu’à la moitié du premier étage) ou des membres associés (grenier à foin, cave, écurie) et des fours.
Document n°25 : le bâti du Fournet et des Garniers
Ici au Fournet tout est maison sauf au n°514 en haut tout à droite où nous avons une chapelle (quartier du Pré de la Chapelle), au 516 une écurie, aux 529 et 530 deux caves, au 533 un four et au 550 un grenier à foin. Quant aux Garniers, le n°1264 est aussi un four. La parcelle n°549 dispose d’un escalier, la rotondité occidentale du n°521 n’est pas l’expression d’un four mais d’une tour. 7 constructions indépendantes au Fournet, 2 aux Garniers donc 9 en tout.
Document n°26 : le bâti des Moulinets Hauts et de la Gagière
Nous viendrons à Clavelle et à son moulin plus tard. Aux Moulinets Hauts le n°697 se compose d’une écurie et grenier à foin, le 700 est un four comme le 779 à la Gagière, les 710 et 717 indiqués comme maisons ont été remplacés par bâtiment rural. Le n°694 possède un four et le 699 dispose d’un escalier. 6 constructions indépendantes aux Moulinets Hauts, 2 à la Gagière, 1 à Clavelle.
Document n°27 : le bâti à Rolland
La parcelle n°892 est définie comme cabane et vacant. C’est le bâtiment le plus en aval de la commune côté adret, 1 seule construction indépendante.
Document n°28 : le bâti des Mensolles (Basses)
Le second édifice du n°1022 (qui possède un escalier) est un four, le 1026 a été rectifié, passant de maison à bâtiment rural. 3 constructions indépendantes.
Document n°29 : le bâti des Mensolles Hautes
Le n°1117 est une écurie, le 1137 une cave, le 1106 semble contenir un four, les 1109, 1110 et 1111 ont un escalier dessiné. 4 constructions indépendantes.
Le recensement de la section E montre 91 parcelles bâties formant 26 constructions indépendantes de tailles très diverses.
SECTION F des Casses
La feuille1 n’indique aucune construction, par contre la feuille 2 énumère 17 parcelles bâties allant du n°88 au n°137, toutes au quartier des Bruns. Il y a une grosse majorité de maisons entières, mais aussi une chapelle au n°97, un four au n°98, tandis que la maison du n°99 est associée à un chazal et ses voisines les 100 et 101 comportent un « engart ».
Document n°30 : le bâti des Bruns
La maison n°98 en haut à droite contient un four, les 102, 103, 104 et 107 possèdent un escalier, les « engarts » ou hangars sont détachés derrière le hameau. Celui-ci compte 8 constructions indépendantes.
La feuille 3 énumère 6 parcelles bâties (4 au Goutail, 1 à la Maison du Roi, 1 à Saint-Pancrace). Au Goutail, le n°429 (non coloré) est une cave, à la Maison du Roi c’est une maison, elle aussi non colorée (n°445). Quant à Saint-Pancrace, c’est une ancienne église ruinée dite Eglise Vieille, que nous verrons plus tard.
Document n°31 : le bâti du Goutail
J’ai renforcé les deux parcelles bâties non colorées. Présence d’un escalier au n°425. La maison n°428 a trois particularités : deux constructions (en plus de la maison sont déclarés un « engart » et un four), un escalier et un canal qui traverse à l’intérieur des deux constructions. 4 constructions indépendantes en tout, en comprenant Saint-Pancrace.
La feuille 4, qui est la dernière de l’ensemble, énumère 60 parcelles bâties allant du n°1620 au n°1970 (33 aux Casses, 5 Sous les Casses, 3 à Rabastelle, 6 aux Oliviers, 13 à Pinfol les Bois). Dans le secteur des Casses les maisons entières forment une courte majorité, en voici le plan.
Document n°32 : le bâti des Casses
Image qui se lit comme les précédentes avec l’amont en haut.
Le quartier « Sous les Casses » comprend les n°1650 à 1659. La parcelle bâtie n°1623 initialement désignée comme une maison est un bâtiment rural, la n°1651 un chazal. Les n°1633, 1673 et 1674 sont des caves, le n°1661 est un four, le n°1630 est déclaré comme un four et engart, les n°1659 et 1660 comme des écuries, d’autres se répartissent entre une cave et un grenier à foin (1634 et 1671), une écurie, un premier et un grenier à foin (1668), un premier, écurie et second (1677 bis) et enfin la maison n°1663 était initialement indiquée comme forge et écurie. 2 maisons ont des escaliers, aux n° 1677 et 1679. 13 constructions indépendantes.
A Rabastelle on recense deux maisons et un four isolé, au n°1845.
Document n°33 : le bâti de Rabastelle
2 constructions indépendantes
Document n°34 : le bâti des Oliviers
Sur ces 6 parcelles bâties on note une inversion : le n°1907 d’abord désigné comme bâtiment rural a été changé en maison, alors que le n°1908 défini comme maison a finalement été déclaré comme bâtiment rural. Le 1909 est une écurie, le reste des maisons. 3 constructions indépendantes.
Document n°35 : le bâti de Pinfol
Là encore sur les 13 parcelles bâties de Pinfol les Bois nous avons une majorité de maisons entières. Le n°1965 se décompose en écurie, premier et grenier à foin, le n°1966 est une écurie, le n°1952 un four. A noter que le n°1961 coloré comme une parcelle bâtie est déclaré comme un vacant. Le n°1967 dispose d’un escalier. 5 constructions indépendantes à Pinfol sur un total de 23 pour la feuille 4.
Au total, la section F comporte 83 parcelles bâties et 35 constructions indépendantes.
Résumons le recensement global du bâti à Réotier dans un tableau.
Synthèse des données
Document n°36 : tableau récapitulatif du bâti
Parcelles bâties | Constructions indépendantes | |
Section A | 50 | 24 |
Section B | 31 | 13 |
Section C | 73 | 33 |
Section D | 54 | 26 |
Section E | 91 | 35 |
Section F | 83 | 35 |
Total | 382 | 166 |
Chaque section cadastrale comporte quelques dizaines de parcelles bâties (en gros de 30 à 90) et quelques dizaines aussi de constructions indépendantes (d’une douzaine à une trentaine).
Au total nous recensons près de 400 parcelles disposant d’une construction et de 166 édifices distincts, la différence entre les deux s’expliquant par le fait que les propriétés bâties sont souvent accolées les unes aux autres.
Il nous faut aller plus loin maintenant, en entrant dans le concret des choses.
- La question des « maisons » à partir des matrices cadastrales
Autre façon de voir les choses donc, en distinguant le bâti en différents types de construction. Lorsque les matrices séparent les étages d’une même parcelle bâtie, je les ai regroupés en une seule unité, puis j’ai effectué des rassemblements par groupes.
Ainsi j’ai recensé :
– 175 maisons
– 101 bâtiments ruraux
– 22 fours
– 12 masures
– 4 chasals, ainsi que des « divers » au nombre de 48, étant dans le détail des caves, des greniers à foin, des écuries, des cabanes, des édifices religieux…
Intéressons-nous aux trois principaux ensembles, en les cartographiant par feuilles cadastrales, ce qui est plus rapide que par quartiers. D’abord les maisons et les bâtiments ruraux, ensuite les fours.
Document n°1: situation des maisons et des bâtiments ruraux
J’ai choisi cette disposition de la feuille d’assemblage parce qu’elle permet de donner la meilleure vision de la partie cultivée du territoire.
En noir, ce sont les bâtiments ruraux, ils sont concentrés et en situation de monopole dans les secteurs cultivés d’altitude : Truchet, les Rua, le Bas Villar et les Grands Prés sans oublier Bouffard (hors cadre).
En rouge, ce sont les maisons, de Pinfol à Saint-Thomas en passant par les Casses et la Bourgea, ou encore du Goutail au Cros.
On a donc une opposition franche entre deux zones géographiques, avec en maison tout l’adret de la commune ainsi que la partie basse de l’ubac. Chausset est déclaré en bâtiment rural, l’Aubrie en maison. Les quartiers hauts forment un tiers de l’ensemble.
La question est de savoir ce que signifient ces deux appellations, s’il y a une distinction nette entre les deux types de constructions.
La lecture des matrices montre huit modifications. A la Combe, à Font Bonne, aux Moulinets Hauts, aux Mensolles et aux Casses, à chaque fois ce qui était initialement mentionné comme maison est changé en bâtiment rural, alors qu’aux Oliviers une maison devient bâtiment rural et un bâtiment rural devient une maison, comme s’il y avait eu réclamation afin de corriger à la baisse l’imposition. La différence entre les deux appellations peut dans certains cas ne pas être évidente, puisqu’on peut passer de l’une à l’autre.
Demeure aussi le cas des masures. A une exception près, elles sont concentrées sur Truchet et ses alentours (Baret, Mikéou, l’Aubrié, les Henryes, Manouel et surtout les Lajards et Truchet).
Dans le sens de la dégradation de l’habitat, passe-t-on de la maison à la masure puis au bâtiment rural, ou de maison soit vers le bâtiment rural soit vers la masure ? De mémoire je me souviens qu’il y a encore à cette époque des habitants dans le secteur de Truchet, vivant dans des masures puisque c’est leur seule adresse en tant que propriétaire de terrains.
Les fours.
Document n°2 : situation des fours
J’ai indiqué ici deux types de fours. En rouge, ce sont les fours marqués comme tels dans les matrices : des fours isolés de l’habitat, des bâtiments autonomes mais proches. En orangé j’ai ajouté ce qu’il est raisonnable de croire comme des fours intégrés à une maison parce que sur les plans ils forment des saillants arrondis dépassant des carrés ou des rectangles classiques de l’habitat.
Géographiquement, on retrouve tout l’adret et la partie basse de l’ubac jusqu’à l’Aubrié, tout en recensant également deux fours à Truchet.
Questions patrimoine, on tient là près de 30 fours.
Lorsqu’en 1833 les géomètres font le relevé cadastral, les habitants donnent le nom des quartiers, probablement en provençal, et ceux-ci traduisent en français lorsque c’est possible.
Ce qui m’a étonné c’est l’emploi du mot « maison » pour désigner les quartiers, souvent une ou deux-trois parcelles à proximité du bâti. J’ai cartographié la situation de ces toponymes un peu spéciaux.
Document n°3 : carte des toponymes employant le mot « maison »
Capture d’écran du site archives.hautes-alpes.fr, idem pour les images suivantes
Le terme « maison », traduction de « meisoun » en provençal, n’est jamais employé seul mais comporte un qualificatif, devant ou derrière. L’habitat se situe face à la pente, dans ce cas le devant est toujours à l’aval, tandis que le derrière se situe en amont. Parfois on trouve ces mêmes termes sur les côtés, ce qui permet de connaître la façade principale.
L’intérêt de cette partie de l’étude est tout simplement la question de l’habitat d’altitude. Qu’aux Garniers, aux Sagnes voire à Truchet, Pinfol ou aux Oliviers on dénomme ainsi quelques terres à proximité des maisons, rien d’extraordinaire car il y a toujours de nos jours des maisons habitées à l’année ou en résidence secondaire. Ce qui est plus curieux, c’est de retrouver les mêmes qualificatifs au-delà du Riou, le torrent du Villard, d’autant plus que c’est une généralité pour le Villard et le bâti au niveau des Grands Prés, des Ponses au Pré du Bois en passant par les Bruns.
Un seul cas de « Derrière les Granges », la grange, de « granjo » en provençal, pouvant être à la fois le lieu où l’on serre le blé en gerbes, le grenier à fourrage ou la ferme (Lou Tresor du Felibrige). Il existe cependant juste derrière l’église paroissiale un quartier comportant du bâti appelé « la Grangette ».
Cette unité de désignation m’amène à penser que pour les habitants, les maisons des hameaux surplombant la Durance et celles allant jusqu’en limite des Grands Prés, sont vécues psychologiquement et donc concrètement de la même façon. Ils n’y voient qu’une seule et même réalité, ce qui engage à penser qu’ils y demeurent alors là-haut à l’année ou à la belle saison.
Document n°4 : carte augmentée des toponymes avec « maison »
On retrouve deux autres toponymes avec les mêmes racines : la « Maison du Roi » juste au niveau et en aval du Goutail et le quartier de « Maisonnasse » provenant de « meisounasso », autrement dit grande maison, vilaine maison, en bordure et en amont du chemin conduisant à Mikéou, probablement le dernier souvenir d’une construction abandonnée, ruinée puis disparue.
La Rua. Il existe entre Mikéou et le Villard deux quartiers à habitat, la « Haute Rua » et la « Basse Rua ». Lou Tresor du Felibrige signale « La Rua, nom de villages dont les maisons sont toutes disposées le long d’un chemin, dans les Alpes ». Des maisons soudées les unes aux autres et alignées, avec une façade donnant sur la vallée, le devant, et un arrière accessible par l’amont, ce qui est quand même le cas le plus ordinaire et fréquent à Réotier.
Document n°5 : l’habitat en forme de rua
La rua est un passage obligé dans l’évolution chronologique d’un ensemble bâti, cette forme peut être simple et nette ou tendre à se complexifier, et perdre de sa lisibilité initiale. Soit l’évolution n’a pas été suffisante pour sa constitution, par exemple l’habitat de Truchet à l’exception des Lajards, soit elle l’a dépassé comme à la Bourgea, au Fournet ou mieux encore aux Casses où l’habitat n’est pas aligné mais regroupé à la mode d’un village classique.
La Bourgea. André Faure explique que c’est le diminutif de bourg : « désigne un petit village ».
Le Villard. En provençal, « vilar, vielar, vialar, vierar » se traduit par village ou hameau (Lou Trésor) et André Faure ajoute « le villar est souvent le hameau le plus important de la commune, presqu’aussi grand que le chef-lieu », j’inclus bien sûr ce toponyme pour notre « Bas Villar ».
Ville, plus important.
S’il n’est évidemment pas question d’agglomération urbaine sur notre territoire, il y a cependant la « crête de Ville ou du Grépon » en aval de l’église paroissiale, laquelle crête délimite grossièrement l’adret de l’ubac de la commune. Dans notre région, le terme ville, qui vient de « vilo » (Lou Tresor), définit le regroupement de maisons le plus important soit par la taille soit par les fonctions, ainsi à Champcella et à l’Argentière. Ce terme officialise la primauté du lieu bâti sur tous les autres, et confirme ici que le chef-lieu de Réotier est bien constitué par l’église paroissiale et ses environs immédiats.
Enfin une surprise, le Villaret. Ce qui est intéressant dans cette histoire c’est qu’il existe un quartier appelé le Villaret, aujourd’hui non seulement inhabité mais en plus sans construction. En fait c’est un peu plus compliqué comme le montre la carte suivante.
Document n°6 : la carte du Villaret
Nous sommes ici à la fois en amont des Garniers et du Fournet, et en aval de Font Bonne et de la Bourgea, au niveau du chemin transversal allant des Casses à l’Eglise.
En fait si sur la première feuille de la section E il y a bien le terme « Villaret », les matrices fournissent une situation plus complexe avec le terme « Viallaret » qui désigne un quartier assez vaste de plusieurs dizaines de parcelles. Ou plutôt trois ou quatre quartiers, puisqu’il y a deux ensembles prénommés « Viallaret Bas » séparés par le quartier de la Muande, et un quartier « Viallaret Haut ». Il y a même au cœur de tout cela trois ou quatre parcelles rassemblées sous le nom de « Villaret » qui ont été distraites de la Muande lors d’une rectification.
Le « Vilaret » ou « Vialaret » n’étant autre qu’un petit villard, il y a tout lieu de croire qu’il y avait là quelques maisons, une nouvelles fois dont le souvenir demeure seulement par la toponymie.
Dans ce qui précède j’ai voulu m’approcher au plus près de la réalité de cet élément patrimonial essentiel, les maisons, en sentant que la vision administrative donnée par le cadastre n’était pas forcément la réalité vécue par les habitants ni donc la réalité brute, et qu’il était donc nécessaire de faire des ajustements avant de la toucher du doigt.
Réalité plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord, réalité mouvante et évolutive liée au délaissement à l’année des quartiers hauts, mais en nous rapprochant d’une certaine conjoncture, ne sommes-nous pas là en train de passer du patrimoine à l’histoire ?
Tournons-nous vers d’autres éléments patrimoniaux complémentaires.
- Recensement des marques de religion à partir du cadastre napoléonien
La consultation simultanée des matrices cadastrales et des plans cadastraux de 1833 indique plusieurs édifices religieux sur la commune :
- Section B du Cros et Saint-Thomas, feuille 1, quartier de Saint-Thomas, au n°126 une « chapelle en ruine »
- Section C de Truchet, feuille 4, quartier de Saint-Roch, au n 854 une « chapelle»
- Section D de l’Eglise, feuille 1, quartier de la Grangette, au n°251 une église, au n°252 un cimetière et au n°253 un presbytère.
- Section E de la Bourgea et du Fournet, feuille 2, quartier de Pré de la Chapelle, au n°514, une « chapelle et vacant»
- Section F des Casses, feuille 2, quartier des Bruns, au n°97, une chapelle
- Section F des Casses, feuille 3, quartier Saint-Pancrace, au n°936, une « ancienne église ruinée» dénommée « Eglise Vieille».
Document n°1 : la chapelle de Saint-Thomas
Capture d’écran du site archives.hautes-alpes.fr
Sauf mention contraire, tous les extraits suivants proviennent de ce site.
Cet extrait montre la situation de la chapelle du quartier Saint-Thomas (parcelle n°126), entre le hameau du même nom et la voie menant à Saint-Crépin. Globalement orientée, décrite comme étant en ruine et appartenant à la Commune, elle fait 52 m² et se trouve au milieu de labours, prés, friches et vignes.
La voici agrandie.
Document n°2 : agrandissement de la chapelle Saint-Thomas
Une forme rectangulaire, avec à l’est l’abside semi-circulaire bien visible. La coloration ne concernant que les murs, on peut en déduire qu’il n’y a plus de toiture.
Document n°3 : la chapelle Saint-Roch
Portant le n°854, située au cœur du hameau amont de Truchet, elle est sise en bordure droite du chemin provenant des villages de la commune et se dirigeant, via les Guions, vers Mikéou, le Villar et la montagne. Elle n’est pas vraiment orientée, l’entrée se situant plutôt au sud, et bénéficie de ce côté-là d’un élargissement de la voie publique pour y pénétrer. Propriété de la Commune comme le terrain en rocher et pâture qui l’entoure, elle ne fait que 25 m².
Document n°4 : l’église paroissiale
En 1833 l’église paroissiale (n°251) se présente comme un vaste bâtiment rectangulaire globalement ouest / est avec deux excroissances bâties, l’une au nord-ouest, l’autre au sud-est, dont la surface totale atteint 340 m². Sans abside semi-circulaire, elle est entourée de toutes parts de voies publiques, sauf au sud où le cimetière est accolé à son mur méridional. Celui-ci (n°252) est donné pour 350 m² et si l’on se réfère à la porte d’entrée actuelle de l’église, il faut pénétrer dans le cimetière pour atteindre l’intérieur du bâtiment.
Immédiatement à l’ouest de ces deux enceintes se trouve le presbytère (n°253), une construction carrée s’avançant toutefois un peu au sud-ouest, et disposant d’un vacant côté sud. Un chemin dessert à la fois le cimetière et ce beau bâtiment de 192 m² vacant compris. L’ensemble appartient à la Commune, comme encore un jardin de près de 200 m² immédiatement à l’ouest de la cure, à coup sûr le jardin du curé (n°254). A noter pour terminer que le géomètre auteur du plan indique une croix plantée au sud-ouest du tout. Cette dernière figure sur la feuille d’assemblage avec la dénomination de « Croix du Jubilé ».
Document n°5 : la chapelle du Fournet
Le chemin qui s’échappe en haut de l’extrait permet d’accéder aux Sagnes et à l’église, celui en bas à gauche vers les Garniers et les Casses, le dernier vers le Goutail.
La chapelle du Fournet (n°514) est à la sortie du hameau, côté amont sur la voie publique conduisant à l’Eglise. Située quartier du « Pré de la Chapelle », rectangulaire, elle compte pour 48 m² avec son vacant par derrière en contrehaut. A noter que c’est une chapelle privée, elle appartient à « Domény Joseph-Augustin, au Fournet », le notable qui possède également la belle maison avec la tour à l’entrée aval du hameau.
Document n°6 : la chapelle des Casses
Comme le montre l’extrait de la feuille cadastrale, la chapelle des Casses n’est pas située à vrai dire aux Casses mais aux Bruns, autrement dit de l’autre côté du petit torrent qui les sépare. Elle est localisée à l’extrémité sud des Bruns et ainsi au cœur de la principale agglomération de Réotier. Portant le n°97, rectangulaire, disposant de 50 m², c’est une chapelle publique qui appartient à la Commune.
Document n°7 : l’église ruinée de Saint-Pancrace
Le dernier édifice religieux mentionné sur les matrices, Saint-Pancrace, est appelé « Eglise Vieille » (n°936). Il se situe à l’extrémité sud de la commune, à peu de distance de la « frontière » avec Saint-Clément, plus précisément côté aval du chemin qui y conduit, mais aussi à un carrefour permettant de rejoindre tous les autres hameaux, en particulier les Casses, habitat pile poil en amont du site religieux.
Sur le plan, l’église est représentée en forme de rectangle biscornu, une nef aux murs non rectilignes et sans abside apparente. Et surtout elle n’a plus de toiture, d’ailleurs le terme « église ruinée » a été surmonté du qualificatif « ancienne » afin que ce soit bien net.
Au milieu des parcelles de vignes, d’une surface de 110 m², elle appartient à la Commune, comme le terrain de 1380 m² composé de rochers et de landes qui s’étend principalement côté aval.
Comme je le disais pour les moulins, voici donc une première récolte. Complétons-la en recensant et cartographiant les toponymes liés à la religion indiqués sur les matrices, toujours en progressant de la section A vers la section F.
Document n°8 : les quartiers de Saint-Thomas
Section B. La feuille originale est coupée en deux parties, se raccrochant au niveau de la double flèche violette A B. Le cercle rouge positionne la chapelle.
Deux quartiers portent le nom de Saint-Thomas. Derrière et en amont du hameau éponyme, c’est le quartier « Derrière Saint-Thomas ». Devant le hameau (celui-ci évidemment compris) et pratiquement jusqu’à la Durance, on trouve un très vaste espace composé du cône de déjection inculte (rive droite) du torrent, qui prend le nom de « Saint-Thomas ». Remarquons au passage que sur la plus vaste des parcelles est inscrit à tort un toponyme voisin, ce qui est une généralité sur les feuilles cadastrales.
Décidément ce toponyme est fort, puisqu’il désigne également le hameau et le torrent qui descend dans le secteur.
Document n°9 : le quartier du Calvaire
Section B. Quoique représenté sur une feuille au 1/2500ème, ce toponyme « le Calvaire » désigne un quartier d’assez faible superficie, son intérêt provenant de sa situation à proximité de l’église paroissiale que j’ai grossièrement indiquée en rouge. Relativement à l’édifice religieux, ce quartier est globalement sur un replat derrière l’ancien château fort. Y avait-il là un calvaire visible des deux côtés de la commune ?
Document n°10 : la Croix des Terrasses
Section B. Cette image représentant le secteur du Cros est tirée de la feuille d’assemblage. Son intérêt provient du dessin et de la mention d’une croix, la « Croix des Terrasses » située sur le chemin reliant les Moulinets Bas à Saint-Thomas, à l’intersection de la montée conduisant au hameau des Terrasses.
Document n°11 : croix et crousette
Section B encore. Retour à un plan ordinaire avec les trois hameaux du Cros encadrés de rouge et le réseau viaire relativement horizontal surligné en jaune. La croix précédemment indiquée a donné son nom à un petit quartier de « la Croix », ce qui n’a rien d’extraordinaire.
J’ai également figuré deux quartiers portant le nom de « Crousette ». Certes André Faure affirme que « Cros » désigne un creux de terrain ou une cuvette et nous sommes justement là au quartier du même nom, et poursuit en expliquant que « crousette » signifie un lieu creusé, tout cela étant logique. Cependant le Trésor du Félibrige traduit « crouseto » par petite croix. Et si l’on considère les lieux ainsi dénommés on ne voit pas plus là qu’ailleurs de forme de relief en creux. Je croix plutôt à l’ancienne présence de petite croix, une à chaque extrémité de la zone dépendant directement des hameaux constituant le Cros, au niveau des intersections des chemins. Côté nord les parcelles sont en aval du chemin, côté sud en amont, et comprennent le vaste terrain inculte sous le rocher du Crépon.
Document n°12 : la croix de Mikéou
Section C. Au carrefour de deux sections et de quatre chemins, voici une croix dessinée mais non nommée devant le hameau de Mikéou au départ de la Draye des Vaches et du chemin du Villard.
Document n°13 : le quartier de Saint-Roch
Section C. La chapelle Saint-Roch constitue une parcelle bâtie, c’est d’ailleurs la seule du micro quartier « Saint-Roch ». Par contre, au nord de l’édifice religieux, une bâtisse entourée de terrain communal constitue le petit quartier « Devant Saint-Roch ».
Document n°14 : la croix de Bellourenq
Section C. La croix n’est pas représentée, mais quatre malheureuses parcelles en bordure et amont du chemin du Lansoou menant du cœur du territoire (l’Eglise) à Truchet portent le nom de « Croix de Bellourenq ». Pour mieux situer le lieu, voici un agrandissement cartographique.
Document n°15 : situation de la Croix de Bellourenq
Là encore, on peut penser que la croix se situait au bord du chemin et côté amont. J’ai grossièrement indiqué l’itinéraire sur lequel elle se situait, mais géographiquement une croix peut être fichée sur place pour deux raisons :
– soit en tant que panneau indicateur, par exemple à la fois visible d’en haut et d’en bas à la rupture d’une pente, et donc sa raison d’être dynamique est d’être sur un itinéraire
– soit en tant qu’objet protecteur statique dominant un ensemble humanisé composé de bâti et de champs.
Les deux peuvent aussi se combiner.
Document n°16 : la croix de la Bourgea
Section E. Aucune croix n’est indiquée sur le plan ci-dessus, mais quatre parcelles en aval du hameau de la Bourgea portent le nom de « Croix de la Bourgea », en rive gauche du torrent de la Grand Combe en dessous du chemin reliant les Casses à l’Eglise, mais aussi de celui conduisant du chef-lieu à la Bourgea.
Document n°17 : le pré de la Chapelle
Section E. La chapelle privée du Fournet et son vacant ainsi que deux parcelles au nord sont cadastrés au quartier du « Pré de la Chapelle » tandis qu’une autre propriété mitoyenne l’est au quartier de « la Chapelle ».
Document n°18 : la croix du Coq côté Fontbonne
Section E. En aval de Font Bonne quoiqu’un peu plus au sud, nous trouvons deux petits quartiers faisant référence à une croix, « la Croix » et « la Croix sous le chemin ». Il s’agit du chemin relativement horizontal conduisant des Casses à l’Eglise lorsqu’il rencontre celui montant du Fournet et des Garniers vers les Casses et la Bourgea, chemin faisant limite entre les sections D et F. Limite qui ne permet pas de donner une vue d’ensemble du secteur, secteur que nous retrouvons sur l’image suivante.
Document n°19 : la Croix du Coq
Section F. Vu du côté du hameau des Bruns, les choses sont plus fournies et plus évidentes. La « Croix du Coq » est dessinée et mentionnée (ici encadrée en rouge), et on la repère au croisement des deux voies sus citées, en bordure aval du chemin montant à la Bourgea et au-dessus de l’itinéraire horizontal, curieusement sur la section D.
Ce témoin d’une religion inscrite dans le territoire a donné de nombreuses appellations tout autour de lui, que ce soit « Champ la Croix » ou « Champ de la Croix », « Pré la Croix » ou « Pré de la Croix », comme enfin « Poua de la Croix ». André Faure affirme que le terme « Poua » signifie simplement la montée autrement dit la pente ascendante. De toute façon cette croix paraît placée à un carrefour, un lieu de circulation majeure de la commune.
Document n°20 : les quartiers Saint-Pancrace et Saint-Claude
Section F. L’église ruinée de Saint-Pancrace, dite « Eglise vieille », cerclée de rouge sur l’extrait de plan, a donné son nom à un vaste ensemble de parcelles de part et d’autre du chemin bas descendant à Saint-Clément. Au-dessous de celui-ci, tant au nord qu’au sud du monument ruiné c’est le quartier de « Saint-Pancrace », alors qu’au-dessus il est précisé « Saint-Pancrace au-dessus du chemin ». Observons que cette dénomination recouvre deux ensembles distincts, l’un au nord, l’autre plus vaste au sud qui ne s’arrête qu’avec la limite communale tracée au cordeau qui coupe littéralement les parcelles. D’ailleurs une parcelle de Saint-Clément, la première au-dessous du chemin, est également déclarée quartier Saint-Pancrace.
La surprise c’est l’existence d’un quartier « Saint-Claude » à la croisée de plusieurs itinéraires dont celui montant au Goutail. Y avait-il là une croix dédiée à Saint-Claude ?
Document n°21 : la croix entre Pinfol et Oliviers
Section F. A l’arrivée du chemin montant du hameau des Casses pour desservir Pinfol, et juste avant ce lieu habité, au niveau du chemin montant face à la pente en direction de la montagne et des Oliviers, bref à un carrefour, on recense les trois quartiers suivants : « la Croix », « Sous la Croix » et « la Croix sous le chemin » : tout parle en faveur de l’existence d’une croix, laquelle n’est pas représentée.
Voilà donc le détail de notre récolte à l’occasion du recensement patrimonial fourni par le cadastre de 1833. Récolte qui ne concerne que la partie hors montagne de la commune.
Document n°22 : la croix de Fouran
Section F. Une croix clairement dessinée et mentionnée « croix Fouran » dans la montagne (échelle 1/5000ème) en limite de la commune de Saint-Clément.
Document n°23 : la croix de Fouran vue de Saint-Clément
Section B de Saint-Clément. La même croix sur le cadastre voisin avec une mention plus détaillée : « Croix sur la Montagne de Fouran ». Où est-elle ?
Document n°24 : situation de la croix de Fouran
Capture d’écran du site geoportail.gouv.fr
Les limites communales du cadastre napoléonien (en noir) et officielles d’aujourd’hui ne coïncident pas. Il peut y avoir une erreur de triangulation sur le plan de 1833, mais ce n’est pas le plus sûr. A cette époque, la frontière remonte le long du torrent de Pinfol, fait un léger coude vers l’est puis poursuit franchement en direction nord-ouest, alors qu’aujourd’hui c’est le talweg du petit bassin de réception du torrent qui joue ce rôle.
Il se trouve que dans l’angle du tracé de 1833 a été fichée la croix actuelle, probablement sur l’emplacement même de l’ancienne. Croix qui n’est pas au sommet de la montagne, mais à la rupture de pente, permettant ainsi d’être vue depuis la vallée. Croix servant de repère géographique, de limite administrative et de protection spirituelle tout à la fois.
Rassemblons notre collecte.
Document n°25 : édifices et toponymes religieux sur la commune en 1833
Capture d’écran du site archives.hautes-alpes.fr, idem pour les documents suivants
J’ai voulu ici rassembler l’ensemble des témoignages de l’inscription de la religion sur le territoire communal :
– en violet les six édifices religieux (Ch. pour chapelle, en plus gros l’église paroissiale et ses dépendances) qu’ils soient en bon état ou en ruine
– en vert les quatre croix données comme existant
– en rouge la toponymie relevant de la religion (un calvaire, des croix, des saints, une chapelle)
– les espaces en noir représentent les limites des quartiers les plus étendus, on pourrait y joindre l’espace de Saint-Pancrace / Saint-Claude, mais on n’y verrait plus rien. Simplifions un peu tout cela pour une meilleure visibilité.
Document n°26 : témoignages religieux sur la commune
Pour y voir plus clair en évitant les redites, j’ai simplifié en distinguant deux types de témoignages issus du cadastre :
– en violet, l’existant en 1833 : l’église et son presbytère plus le cimetière, les chapelles de quartiers et les croix dessinées, treize éléments debout en tout
– en orangé les toponymes liés à la religion rappelant des croix, un saint et un calvaire, neuf autres éléments.
Surreprésentation du quartier du chef-lieu qui s’affirme comme le maître quartier, et pour le reste c’est l’inégalité qui prévaut, chaque hameau assez important disposant de sa chapelle ou de sa croix. Une exception toutefois, les quartiers hauts, le Villard et sa côte, mais ce ne sont là que les données récupérées sur le cadastre.
Ne reste plus qu’à aller sur le terrain et à comparer pour retrouver le patrimoine conservé en 2020. Y’a qu’à…
- Recensement des moulins de Réotier à partir du cadastre napoléonien
Voici les infos tirées du cadastre napoléonien concernant les moulins de Réotier ; ce n’est qu’un simple complément à mon étude sur ceux de la Fontaine des Rois.
Si l’on consulte les matrices du cadastre de 1833, les références à la transformation des céréales en farine sont a priori peu nombreuses. Explicitement, on ne rencontre guère que :
- Section C de Truchet, feuille 2, quartier de la Vernie, n°63 : « moulin en ruine»
- Section D de l’Eglise, feuille 2, quartier du Champ du Truel, n°398 : « moulin» ainsi qu’au n°395 : « masure».
- Section E de la Bourgea et du Fournet, feuille 2, quartier de Clavelle, n°642 : « moulin».
Concernant le « moulin en ruine » de la Vernie alias de la Fontaine des Rois, je n’y reviens pas dessus (voir « Les moulins de la Fontaine des Rois », 2019, 122 p). Voici donc le second de la liste.
Document n°1 : le moulin du Champ du Truel
Capture d’écran du site archives.hautes-alpes.fr
Cet extrait de plan est orienté à l’est. Il montre principalement le quartier du Champ du Truel entre la partie basse du hameau des Sagnes et la majeure partie du hameau des Moulinets Bas. J’ai indiqué en bleu le sens d’écoulement du torrent de la Grand Combe qui montre que l’eau court de gauche à droite, ainsi que l’emplacement de la petite agglomération des Moulinets Hauts.
Le moulin n°398 de la section D se situe en rive gauche du torrent, vraiment en bordure et juste avant un coude que celui-ci effectue, un peu en amont des Moulinets Hauts.
Qu’en sait-on ?
Document n°2 : le propriétaire du moulin
Capture d’écran du site archives.hautes-alpes.fr
La fiche cadastrale du moulin a été refaite. Le n°398 est originellement déclaré comme une « mazure » de 60 m², puis rectifié comme étant bien un moulin, soit qu’il vienne d’être transformé peu de temps auparavant pour faire de la farine, soit que les autorités se soient rendues compte de la supercherie, d’une fausse déclaration. Imposé cinq francs, il appartient à « Jourdan François feu Barthélémy dit Feuillara aux Moulinets » autrement dit à un habitant du hameau voisin, dont le père est décédé et dont le surnom est Feuillara. Ce Jourdan possède la belle pièce de terre en amont et au levant, la plus vaste du quartier (n°400), un labour de plus d’un demi-hectare qui l’enserre de deux côtés.
Quant au n°395 déclaré comme étant une « masure » de 22 m², quelques mètres en amont du premier, celle-ci est également bâtie quasiment en bordure du torrent et sur la même rive. Elle appartient à « Guieu Jean-André dit Alix aux Moulinets », un voisin du précédent, également propriétaire d’un terrain ordinaire par sa superficie (600 m²), mi lande mi labour, qui l’entoure. Que ce soit pour l’un ou l’autre des bâtiments, aucun accès n’est signalé, mais il suffit de traverser le torrent comme on peut depuis l’espace public du hameau, peut-être y-a-t-il alors des aménagements facilitant le passage d’un bord à l’autre du cours d’eau.
Officiellement rien ne signale que c’est un moulin. Il ne fait que le tiers de la surface du moulin officiel légèrement en contrebas, mais une salle de quatre mètres sur cinq est suffisante pour les instruments de mouture, et l’on voit mal à quoi pourrait servir ce petit bâtiment coincé contre le torrent, si ce n’est à utiliser la force de l’eau. Si le site n’est plus actif, il le fut.
Entre parenthèses le nom du quartier, « Champ du Truel », signifie d’après André Faure (« Noms de Lieux et noms de familles des Hautes-Alpes », 1998 ) champ du pressoir, autre équipement collectif.
Document n°3 : le moulin de Clavelle
Capture d’écran du site archives.hautes-alpes.fr. Sauf mention contraire, tous les extraits proviennent du même site.
Ce troisième moulin est lui aussi sur le torrent de la Grand Combe, mais en rive droite. Relativement aux précédents, il n’est qu’à environ 200 m à vol d’oiseau ou en suivant le cours de l’eau, mais presque à 1100 m d’altitude alors que les autres sont cent mètres plus bas, ces chiffres rappelant la très forte pente du torrent.
Comme le montre le plan, le moulin portant le n°642 de la section E, n’est pas directement alimenté par le torrent. Quelques mètres en amont des lieux, une dérivation servant de canal d’arrosage, parallèle et en aval de celle de Coste Moutette, allant alimenter les parcelles de terrain du hameau du Fournet, sert également à faire tourner le moulin. Peu après la prise d’eau perpendiculaire au torrent, deux cheminements face à la pente, parallèles et rectilignes, vont venir actionner les deux roues hydrauliques.
Le site est à la rencontre de chemins montant des Moulinets Hauts, de Mensoles et du Fournet d’un côté, et provenant des hameaux des Sagnes, de la Grangette et de la Combe de l’autre. Bien placé, le bâtiment de 69 m² appartient à « Eymar Jeane et Magdelaine (veuves) dit Gaignière aux Sagnes ». Mis à part une toute petite parcelle des propriétaires au-devant de leur moulin, ce dernier est entouré de terrains communaux composés de landes, pâture et terre vaine.
Allons voir du côté de Saint-Thomas.
Document n°4 : le moulin de Saint-Thomas
A l’extrémité septentrionale de la commune, faisant limite avec Saint-Crépin, voici le torrent de Saint-Thomas, plus en amont appelé torrent du Villar. A sa sortie de la gorge, légèrement en amont du hameau de Saint-Thomas, une dérivation en rive droite a été creusée pour l’arrosage des terrains et on remarque une construction importante en sa bordure, juste après que le canal se soit divisé en deux branches. La bâtisse est d’abord en aval du canal qui vient ensuite longer son mur occidental puis s’en éloigner.
Ce bâtiment carré avec peut-être un escalier au sud, côté aval, portant le n°21 de la section B au quartier de Saint-Thomas, est désigné par la matrice cadastrale comme étant une « maison », dont la surface du sol et le vacant l’englobant font ensemble 220 m². En 1833 c’est la propriété de Louis Assaud qui habite Saint-Thomas, et qui y possède aussi un jardin de 100 m² et un terrain juste un peu plus grand se répartissant entre une partie labourée et un pré. Nous sommes là tout près du torrent, les terrains communaux en témoignent, et si on ne remet pas en question le fait qu’Assaud y habite, on se dit qu’il y a de fortes chances pour que le bâtiment abrite aussi un moulin, au vu de sa localisation et de la configuration des lieux, avec la roue hydraulique devant être face à la pente et parallèle au mur sud.
Voilà donc une première récolte. Cependant les matrices comprennent quelques toponymes liés aux moulins : faisons un tour de la commune.
D’abord, évacuons le cas du quartier dénommé « Moulinas » puisque j’en ai déjà parlé dans mon étude plus haut citée, et réfléchissons sur les toponymes liés aux Moulinets.
Document n°5 : le quartier des Moulinets Hauts
Sur la feuille cadastrale, le toponyme des Moulinets Hauts est tout simplement celui de « Moulinets » et c’est ainsi qu’est signalée l’adresse de ses habitants. La présence des moulins sur le torrent de la Combe est à l’origine du nom de trois quartiers. L’habitat est prénommé « Moulinet Haut », en amont de celui-ci et en face des moulins nous nous trouvons « Derrière le Moulinet Haut » et plus en aval on rencontre le quartier dit « Verger sous le Molinet Haut ».
Accompagné d’un adjectif ou pas, mis au singulier ou au pluriel, écrit Moulinet ou Molinet, tout indique que ce secteur de Réotier est défini par la présence d’un ou de plusieurs petits moulins hydrauliques au fil de l’eau et du temps.
Document n°6 : le quartier des Moulinets Bas
Extrait de feuille cadastrale elle aussi orientée à l’est, représentant une surface bien plus grande, avec cette fois-ci le torrent du Rialet. Si l’adresse des habitants est également celle des Moulinets, les matrices comprennent trois quartiers du secteur relatifs à l’idée de moulin. L’habitat, ici indiqué « Moulinets Bas » est écrit « Bas Moulinets » et se limite au hameau. Un second quartier, au levant, entre le torrent et la partie habitée, est dénommé tout simplement « Moulinets », mais surtout ce qui interpelle, c’est la présence d’un troisième quartier, au-delà du Rialet, en rive gauche, la « Coueste du Moulin », autrement dit la côte du moulin.
Quelques remarques. Les Moulinets Bas sont autonomes des Moulinets Hauts, leurs quartiers respectifs n’ayant pas de limites communes, et s’il y a eu des petits moulins dans le secteur, ce fut sur le Rialet et non la Grand Combe, d’ailleurs le quartier simplement indiqué « Moulinets » étant en bordure de ce torrent cela va en ce sens.
Quant à la côte du moulin, même s’il y a un chemin montant de virage en virage au-dessus de la départementale actuelle, il se dirige vers l’église et non vers les Moulinets Hauts et ses sites hydrauliques. Cette appellation nous indique vraisemblablement qu’il y a eu un moulin en rive gauche et relativement éloigné du Rialet, probablement au niveau de la route et un peu en contrebas de celle-ci. Mais il y a près de deux siècles, ce n’était déjà plus qu’un souvenir conservé dans la toponymie.
Document n°7 : un moulin aux Casses ?
La lecture des matrices cadastrales de 1833 nous met nez à nez avec un dernier toponyme relevant de la mouture du blé. La table alphabétique des propriétaires de Réotier n’indique aucune famille portant ce nom, et nous avons bien affaire à deux vastes quartiers situés de part et d’autre du chemin horizontal conduisant aux Clots de Saint-Clément, celui en amont étant dénommé « Clot du Moulin » et celui en aval « Clot Moulin ».
Entre le hameau et les lieux-dits se trouve une source ou une résurgence donnant naissance à un petit cours d’eau (représenté en bleu) ayant pu autrefois être dérivé en rive droite et actionner un moulin, mais lors de la réalisation du cadastre, ce n’est déjà plus qu’un souvenir.
Il est maintenant temps de synthétiser nos données.
Document n°8 : récapitulatif des données
Capture d’écran du site geoportail.gouv.fr
Sur cette vue satellitaire de 2015, j’ai localisé tous les sites ayant à voir, de près ou de loin, avec la meunerie. En rouge les quatre moulins cités dans les matrices, y compris celui de Saint-Thomas, en violet les toponymes rappelant des artifices dont seul le souvenir demeure.
Deux pôles coexistent, celui le long du torrent du Villard / Saint-Thomas, et celui sur les dérivations d’eau de la partie à l’adret de la commune. En fait pratiquement tous les sites hydrauliques ont été tributaires du torrent du Villard et ses dérivations ont également permis de réaliser et d’actionner des moulins.
- La gipière du Cros à partir du cadastre
Lorsqu’on consulte la feuille d’assemblage du cadastre napoléonien, on repère, pas très loin de la séparation des feuilles D et B mais sur cette dernière, un court filet d’eau qui va se jeter obliquement dans la Durance, et on se dit de prime abord : « Voilà la représentation de la fontaine pétrifiante ! ». Et on se trompe, ce n’est pas ça.
Document n°1 : situation des lieux
Capture d’écran du site archives.hautes-alpes.fr, idem pour les images suivantes
Nous sommes pratiquement en face du confluent avec le Guil. Approchons nous.
Document n°2 : les deux quartiers de la Gipière
Nous sommes ici à proximité du hameau des Terrasses et l’on retrouve le modeste cours d’eau affluent de la Durance. Il prend sa source en contrebas du chemin de ceinture allant aux Moulinets Bas côté sud et à Saint-Thomas côté nord. Ses premiers mètres se font dans le quartier appelé « la Gipière » et il termine sa course peu après dans un terrain communal dénommé « L’Embas ».
C’est évidemment le quartier de la Gipière qui nous importe car d’après le Trésor dou Felibrige, en provençal « gipiero » signifie plâtrière, carrière de plâtre, four à plâtre, « gip » voulant dire tout simplement gypse, plâtre. Le quartier de la Gipière est ainsi nommé car il continent une carrière de gypse, et il est composé de vingt-cinq parcelles dont une est bien plus vaste que les autres, c’est d’ailleurs celle d’où sort le petit cours d’eau.
La consultation des matrices cadastrales de la section B nous apprend que celle parcelle (numéro 1125 de la section B), d’une surface de 4060 m², appartient à la Commune. Elle est déclarée comme étant une friche et lande, mais cette mention en remplace une autre, initiale et barrée : « carrière de plâtre ».
Cette propriété communale se situe d’ailleurs exactement en aval du quartier dit « Sur la Gipière ». L’affectation de la parcelle étant changée, est-ce que cela signifie qu’en 1833 ou après l’exploitation soit en sommeil voire abandonnée, ou est-ce une subtilité pour qu’elle ne soit pas imposable ?
Document n°3 : le paysage de la Gipière
J’ai repris pour base le document précédent en le recentrant sur la carrière et en ajoutant une gamme de coloris pour obtenir le paysage des abords de la carrière.
En violet ce sont les vignes, en orangé les friches, en rosé les landes, en vert clair les bois taillis et lorsqu’il y a des hachures cela représente un mélange.
En gros on est bien là dans un secteur viticole, mais qui est dégradé aux abords immédiats de la carrière. Y-a-t-il un lien entre les deux ? Quant aux points gris ils signalent la présence de « gravier et landes » et les points noirs de « rocher et landes ».
La carrière est le résultat du travail de creusement des hommes, mais il n’est pas indiqué la présence d’un four pour transformer le gypse en plâtre. Tout en bas et à droite en regardant vers la montagne, on distingue bien un tout petit carré de 60 m², mais il est déclaré en tant que labour.
Document n°4 : repérage du site de la Gipière
Capture d’écran du site geoportail.gouv.fr
Juste pour situer l’emprise de l’ancienne carrière et ce qu’on en discerne aujourd’hui.
- La fontaine pétrifiante, un non-objet patrimonial ?
Dans l’imaginaire de la région, Réotier est associé à sa fontaine pétrifiante et le nouveau logo de la commune en témoigne. Mais que nous dit le cadastre napoléonien de ce patrimoine naturel, autrement dit y remarque-t-on la fontaine ? Pour cela, remontons le temps.
Document n°1 : la fontaine pétrifiante aujourd’hui
Capture d’écran du site geoportail.gouv.fr
La Durance (qui coule vers le bas de l’image), la voie ferrée parallèle, la tache jaune de la fontaine dont on reconnait la vasque en demi-lune, ainsi que quelques aménagements principalement sous forme de sentiers.
Document n°2 : la fontaine dans son environnement cadastré
Capture d’écran du site geoportail.gouv.fr
Même en changeant d’échelle, la tache jaune spécifique de la fontaine est bien repérable. La couche d’information avec les limites des parcelles cadastrales actuelles va permettre de faire la jonction avec le cadastre napoléonien.
Document n°3 : extrait de la feuille 3 de la section B du Cros et Saint-Thomas
Capture d’écran du site archives.hautes-alpes.fr, idem pour les images suivantes
Notre premier repère, c’est la ligne renforcée en jaune qui sépare la section cadastrale B de la section D. Tracé qui discrimine également l’adret de Réotier de son ubac en descendant en droite ligne depuis l’ancien château-fort, d’ailleurs plutôt au pied de la falaise comme le montre l’image aérienne, puis qui, au lieu de rejoindre le plus directement possible la rivière, vient faire une jolie courbe sous la voie publique avant de se reprendre et de plonger dans la Durance.
Mais pourquoi cette jolie courbe ramenant le tracé délimiteur vers le nord-est, au lieu de poursuivre dans la même direction et l’axe de la pente, en utilisant tout bonnement la petite crête de rocher qui s’y trouve ?
Apparemment aucune logique de terrain, si ce n’est que la courbe vient passer sous un rocher et que lorsque le tracé bifurque à nouveau juste avant d’atteindre la Durance, nous voilà à la fontaine pétrifiante.
Celle-ci marque donc administrativement le changement de versant de la commune, et il est probable que ce choix suive une donnée, une entente, une évidence, un consensus plus général, à savoir que les habitants de l’époque utilisaient la fontaine comme repère géographique les faisant basculer d’un versant à l’autre, même si géographiquement parlant ce serait quatre-vingt mètres plus au sud.
La fontaine pétrifiante, élément de jonction et d’unité, d’union symbolique des deux parties du territoire de Réotier ? Ou élément naturel rattaché au côté adret, accaparé par les habitants du versant sud de la commune ?
Patrimoine naturel, mais repère géographique et dès lors patrimoine culturel et immatériel.
Ceci dit, quel est l’environnement de la source il y a bientôt deux-cents ans ?
Document n°4 : le public et le privé aux abords nord de la fontaine pétrifiante
J’ai indiqué en vert FP pour la localisation exacte de la fontaine pétrifiante si l’on en croit la concordance des deux couches d’information sur Géoportail. J’ai représenté en rouge les chemins publics, celui de gauche reliant les Moulinets aux hameaux du Cros, celui du centre, moins large, ayant tendance à rejoindre le Cros et dans l’autre sens se dirigeant vers l’Isclette après être passé en amont du site de la fontaine.
J’ai également délimité en noir les quartiers entourant la fontaine. Entre les deux itinéraires voici Peyronnes, qui d’après Pierre Chouvet dans Noms de lieux du Pays Guillestrin signifie « grosses pierres, blocs rocheux ». Pour l’Embas, aucun des trois guides toponymiques dont je dispose ne donne la signification et Lou Tresor du Felibrige n’est pas plus loquace ; si l’on tente un peu naïvement le provençal « En-Bas » on peut traduire par « le bas, la partie inférieure, le fond, la plaine » et c’est vrai que ce quartier est en bordure de rivière, qu’il s’allonge de la fontaine jusqu’à l’écoulement de la Gipière, tout en comprenant également la partie inférieure du coteau.
Ceci dit, la fontaine est en bordure du quartier de la Salce, et pour Chouvet c’est le terme désignant « le site de la source thermale du Plan de Phazy » et plus généralement toute source d’eau salée, même si André Faure fait remarquer que ce peut être aussi un lieu planté de saules ou « un terrain naturellement salé que les animaux sauvages viennent lécher ». Or actuellement, il n’y a pas sur place plus de saules qu’ailleurs : la Salce, c’est bien la source.
Enfin j’ai relevé par des pointillés bruns les terrains appartenant à la commune : l’extrait montre une alternance, une imbrication de parcelles privées (plus longues dans le sens de la pente) et de terrains publics.
Qu’en est-il côté sud ?
Document n°5 : le public et le privé aux abords sud de la fontaine pétrifiante
Côté sud donc, on retrouve les deux itinéraires. Celui le plus proche de la rivière, arrivant de la plaine de l’Isclette, se met à grimper pour éviter la fontaine puis les rochers suivants afin de rejoindre la zone habitée sans ne plus suivre la rive instable et difficile.
Au niveau des quartiers la situation est plus simple puisqu’il n’y en a que deux. A l’ouest la cote en forte pente prend le nom de « Entre les Roches », tandis qu’à l’est les premières pentes parallèles à la Durance revêtent encore le nom de « la Salce ». Toponymes relevés sur les matrices mais qui n’apparaissent pas sur les plans. La partie très pentue est communale comme d’ailleurs l’emplacement de la fontaine, le terrain public se poursuivant par une frange de plus en plus réduite en bordure de rivière, tandis que les parcelles privées forment des lanières.
Essayons maintenant d’avoir une idée du paysage.
Document n°6 : le paysage au nord de la fontaine en 1833
J’ai essayé de faire ressortir le paysage au nord de la fontaine, le violet indiquant les vignes. Le nord et l’amont du site, c’est d’abord un bout de vignoble dans un cadre naturel exigeant, pas facile.
Le noir marque le rocher, les points jaunes les landes, les points bistre la pâture, les points blancs les clapiers. En fait, il est fréquent qu’une parcelle soit définie par deux types d’occupation du sol et j’ai coloré le premier terme, le second étant figuré par des pointillés ou des hachures. L’orangé indique les friches.
Autrement dit lorsque dos à la Durance on se met face à la fontaine pétrifiante et qu’on regarde vers l’amont, on voit sur sa droite deux petites parcelles de vigne avec des friches, et plus à droite encore, du rocher associé à des landes. En remontant le regard, au-dessus du site sur la gauche on aperçoit le rocher et la lande, et surtout des vignes à droite.
Que voit-on de la même place à sa gauche, c’est-à-dire côté sud ?
Document n°7 : le paysage au sud de la fontaine en 1833
Côté sud, à gauche de la fontaine, on voit un espace défini comme rocher et gravier, c’est-à-dire du rocher avec plus au sud le gravier déposé par la rivière. Rocher continu en montant la pente, rocher ici associé à la pâture. Mais aussi de la vigne, une pointe de vignoble traversée par le cheminement public, vignes qui plus au sud ont moins bonne figure car associées aux landes et autres pâtures. Ce qui est remarquable, c’est que tout cet espace en vigne, une quarantaine de parcelles, porte le nom de la Salce.
Si l’on prend un peu de hauteur, on voit en associant les deux images la discontinuité du vignoble, discontinuité causée par la présence des concrétions de la fontaine pétrifiante.
En résumé, le terme « fontaine pétrifiante » n’apparaît pas sur le cadastre de 1833, et il n’y a aucun tracé inscrit de filet d’eau. Dans cette société fondée sur le travail, sur l’utilité des lieux, pour les habitants d’ancien temps c’est tout simplement « la Salce ».
En apparence l’époque, à travers ce document à vocation fiscale, n’y indique qu’un terrain certes associé à une source, mais inculte et rocheux appartenant à tous. Or, plus profondément il constitue un repère géographique et mental pour les gens.
La Salce, c’est une source salée, une source qui peut avoir aussi sa notoriété parce qu’elle est sur un itinéraire assez peu pénible longeant la Durance et qu’elle marque le basculement d’un versant à l’autre, dans un cadre paysager que nous avons bien du mal à imaginer aujourd’hui, sans voie ferrée, sans aménagement, avec des concrétions déroulant jusqu’à la rivière. Restituons maintenant dans tout son ensemble le quartier auquel elle a fourni son nom.
Document n°8 : le quartier de la Salce
Capture d’écran du site geoportail.gouv.fr
J’ai localisé par un ovale blanc le site de la vasque.
La clé de l’histoire est peut-être là, dans ce simple schéma qui réunit les quartiers appelés la Salce dans les matrices des sections B et D. Aujourd’hui, officiels, habitants et touristes se focalisent sur la fontaine, c’est-à-dire la vasque et ses abords immédiats mais ce que nous enseigne le cadastre, c’est que les anciens voyaient physiquement et culturellement une réalité toute différente, bien plus ample, puisqu’ils voyaient la Salce, une salce, une zone de salce assez étendue.
Quand on se rend sur le terrain depuis l’Isclette, plus précisément depuis sa partie de piémont et non de la plaine au-delà de la voie ferrée, après avoir parcouru les derniers restes de champs, on remarque vite sur la gauche des écoulements importants, des joncs denses formant des sortes de sagnes sur peut-être une quinzaine de mètres de dénivelé, on voit aussi en poursuivant et en ayant emprunté le cheminement parallèle à la tranchée SNCF d’autres écoulements sur des substrats orangés en faible déclivité et toujours des joncs jusqu’à arriver à la plateforme aménagée. Et si l’on rebrousse chemin, qu’on traverse les rails et qu’on monte sur la proéminence face à la vasque, on se retrouve aussi sur des terrains formés d’anciennes concrétions.
Tout ce milieu naturel (écoulements d’eau, concrétions, végétation spécifique leur étant associée) constitue ce que les anciens appelaient la salce, et qu’ils ont séparé et délimité des autres quartiers, du voisinage. C’est cela que j’ai tenté de délimiter par un tracé jaune. Et l’on voit à cette échelle que non seulement les abords de la vasque ne sont qu’une toute petite partie de la zone humide et anciennement humide, mais qu’elle se situe à son extrémité nord, autrement dit qu’elle est complètement excentrée.
Cette entité naturelle peut aussi expliquer pourquoi en cet endroit la limite entre les deux sections cadastrales ne descend pas franchement la pente jusqu’à la Durance, ne la coupe pas en deux, mais la prend en considération jusqu’à la fontaine et la rattache au versant à l’adret.
Cette zone géographiquement très particulière était donc reconnue en tant que telle par les anciens, puis son entièreté a été mise à mal ultérieurement.
D’abord par le percement de la ligne SNCF qui a coupé –voire asséché- la proéminence formant promontoire, balcon au-dessus de la rivière (ce que j’ai appelé ailleurs la proue de l’Isclette) et qui a dynamité au sens propre comme au sens figuré le cœur de la zone, d’où une première perte de lisibilité d’ensemble, non seulement en séparant la pointe de l’Isclette du secteur de la vasque, mais aussi en éliminant la partie aval des écoulements en biais et sur terre orangée se dirigeant vers la plaine et l’autre zone humide, aujourd’hui recueillis et conduits par une roubine au pied des rails. Et plus récemment par l’aménagement qui a coupé le cheminement traditionnel traversant la Salce de part en part, et qui n’a rendue publique que la partie spectaculaire des lieux.
Maintenant que les préoccupations sociétales se tournent de plus en plus vers la nature, il serait bien que le nouveau projet d’aménagement soit porteur d’une conception d’ensemble de la salce ne se limitant pas à son aspect strictement spectaculaire, il serait bien de prendre globalement en compte cette unité naturelle, de lui rendre son intelligibilité écologique et sa lisibilité, bref de donner plus d’espace et de sens aux lieux.
En conclusion, d’un point de vue littéral la fontaine pétrifiante n’apparaît pas sur le cadastre napoléonien, mais en grattant le vernis administratif on la perçoit dans un ensemble plus vaste, celui de la Salce.
C’est d’ailleurs le rôle de l’historien de faire parler les documents, quitte à détourner leur utilité première. C’est aussi le sien, en complément de celui de spécialistes (écologues per exemple) d’apporter un regard dans le cadre d’un aménagement touristique.
Quoi qu’il en soit, le territoire de la Salce, milieu naturel spécifique, était donc partiellement utilisé par les habitants d’un point de vue économique puisqu’il contenait des dizaines de petites parcelles viticoles. Il est temps, dans cet inventaire patrimonial, de nous tourner vers le vignoble.
- Cartographie du vignoble de Réotier à partir du cadastre napoléonien
Le vignoble n’est pas à proprement parler un espace bâti, quoique parfois… Voici en tous cas sur chacune des feuilles cadastrales et dans leur ordre habituel, quand il y a des vignes, où elles se situaient il y a deux cents ans.
Pour les localiser, je suis allé au plus rapide : depuis le site numérique des archives départementales, après avoir cliqué sur cadastre et Réotier, j’ai utilisé le document 3P1152 Relevé par nature de culture. Ce livre numérisé fonctionne dans l’ordre des sections de A à F, et à l’intérieur de chacune par types de culture. En se rendant aux pages concernées par les vignes, il ne reste plus qu’à relever les numéros, les localiser sur la feuille cadastrale correspondante puis à colorier les parcelles en vignes.
La section A du Villar ne contenant aucune vigne, nous voici sur la section B dite du Cros et de Saint-Thomas, 1ère feuille.
Document n°1 : les vignes de Saint-Thomas
Capture d’écran du site archives.hautes-alpes.fr, idem pour les images suivantes
Il y a ici toutes les parcelles de la feuille (près de sept-cents), la flèche dessinée par le géomètre indique le nord, et nous avons la Durance tout en haut, celle-ci coulant de gauche à droite. Nous voyons également l’arrivée du torrent de Saint-Thomas. Pour un repérage facile, le hameau se situe là où j’ai placé son nom, j’ai également marqué les voies utiles en les surlignant en rouge.
Le petit vignoble de Saint-Thomas (seulement seize propriétés), surligné en violet, se situe entre le hameau et le chemin conduisant à Saint-Crépin, en aval des maisons, et il n’est pas loin de la chapelle ruinée (entourée en rouge), certaines vignes venant pratiquement jusqu’à ses murs.
Document n°2 : le vignoble du Cros
Section B troisième feuille.
Cette feuille est complète et montre le vignoble du Cros avec une orientation inversée relativement à Saint-Thomas, puisque cette fois-ci la Durance est en bas. Nous regardons donc depuis la rivière en direction de l’amont. Et il y a bien un vignoble !
En fait nous observons un vignoble en deux parties de part et d’autre des trois hameaux (entourés en rouge et dénommés) constituant le Cros.
Au sud, entre la « crête de Ville et du Grépon » autrement dit le rocher séparant l’ubac et de l’adret de Réotier depuis la Durance jusqu’à l’ancien château, et l’habitat, le vignoble se situe sous le chemin de l’époque qui en gros correspond à l’itinéraire principal d’aujourd’hui, avec une petite césure relevée au niveau du quartier de la Gipière. Il se situe aussi, mais sans être ultra dominant, plus en amont entre l’accès aux hameaux de la Fouent et des Jourdans et celui conduisant aux Terrasses.
Au nord, au-delà du ravin des Eyssarts, les vignes sont bien groupées, constituant un espace homogène mais moins vaste, allant presque jusqu’au bord du torrent de Piolet. Les vignes aiment les terrains en pente, bien exposés et ne descendent pas jusqu’au bord de la rivière.
La section C dite de Truchet ne comportant aucune parcelle en vigne, passons à la section D dite de l’Eglise. Sur la première feuille, en amont du chemin des Sagnes à l’Eglise, vu encore l’altitude, aucune vigne ne se rencontre parmi les trois cent cinquante propriétés. Passons à la feuille plus en aval.
Document n°3 : le vignoble des Moulinets Bas
Section D deuxième feuille.
Cette feuille se lit comme si on était en bordure de Durance et qu’on contemplait en face de nous la côte, avec en haut de gauche à droite le (vieux) chemin des Sagnes à l’Eglise, et tout en bas la partie amont de l’Isclette.
Le premier constat c’est que l’agglomération des Moulinets Bas est entourée de vignes (sauf peut-être juste derrière elle), que ce soit en amont ou en aval du hameau.
En amont du chemin de ceinture se dirigeant à droite vers le secteur du Cros, les vignes sont surtout en rive droite du torrent du Rialet et bien desservies par un chemin montant en zig-zag jusqu’à celui de l’église paroissiale. La voie de ceinture ne fait pas coupure du vignoble car ce qu’on observe au-dessus est également valable au-dessous. En réalité, la vigne ne s’arrête que lorsqu’il n’y a pas de terre, lorsque la roche affleure et c’est pratiquement toujours le cas dans le communal.
Le chemin passant en biais sous les Moulinets Bas ne fait lui aussi pas limite sous le hameau. Des maisons à celui-ci la vigne est en monoculture, et c’est encore vrai entre les torrents de la Grand Combe et du Rialet tant qu’on n’est pas au plat. C’est ici qu’on trouve le plus gros des vignes : du hameau à la bordure de l’Isclette.
Dernier lieu faisant vignoble, le piémont de la côte parfois rocheuse se dirigeant vers la fontaine pétrifiante, aujourd’hui coupé par la voie ferrée, ainsi que la proue calcifiée de l’Isclette surplombant la Durance. Quant à celle-ci, faisant l’objet de la troisième feuille de la section D, il n’y a naturellement aucune vigne.
Il est intéressant de passer de cette image à la précédente pour avoir la continuité de part et d’autre de la fontaine pétrifiante, même si ce n’est pas forcément la même échelle (voir la feuille d’assemblage pour cela), le souci premier des archivistes étant de faire rentrer complètement chaque feuille dans la page d’écran.
Pour la section E de la Bourgea et du Fournet, la première feuille comprenant les hameaux de la Bourgea et de Font Bonne ne mentionne aucune vigne. Voici la seconde.
Document n°4 : le vignoble des Mensoles
Section E deuxième feuille.
Il manque là quelques parcelles les plus en amont, j’ai sacrifié la feuille complète pour qu’on y voie mieux. Ici aussi le vignoble est très conséquent avec des secteurs où il est en position de monopole.
Il commence en effet immédiatement sous les Garniers et le Fournet, et descend en droite ligne vers la Durance pour les quartiers globalement à l’ouest du Fournet et des Mensoles Hautes. Il est aussi très présent sous la Gagière (quoique pas immédiatement dessous) et jusqu’à l’île de l’époque qui deviendra la partie aval de l’Isclette.
En fait les vignes, souvent en lanières dans l’axe de la pente, sont présentes là où les pentes sont les plus fortes, alors que là où les parcelles font de beaux carrés, on est en droit de penser que ce sont des labours, de bons prés ou des vergers.
Document n°5 : premières vignes sous les Bruns
Section F deuxième feuille.
Ce qu’il apparaît sur cette image, une nouvelle fois orientée vers l’amont, c’est qu’elle comporte trois vignes sous le hameau des Bruns.
Document n°6 : premières vignes sous les Casses
Section F quatrième feuille.
Comme les précédents et afin de rendre la chose plus compréhensible, cet extrait de feuille cadastrale est lui aussi orienté vers l’amont, les flèches bleues montrent d’ailleurs le sens d’écoulement de l’eau du torrent.
La carte montre deux zones comportant des vignes : tout en bas où elles sont les plus nombreuses et un petit coin isolé juste en dessous du chemin horizontal partant des Casses et allant vers les Clots de Saint-Clément.
Document 7 : le vignoble sous le Goutail et l’Eglise Vieille
Section F troisième feuille
La disposition particulière de ce document montre que j’en ai bavé pour trouver une solution tenant compte de la pente principale avec l’amont en haut et l’aval en bas, la limite à gauche avec Saint-Clément n’étant pas dans l’axe de la pente mais quelque peu en biais.
Ce que nous retiendrons de tout cela, c’est que là-aussi, jusqu’aux terrains mitoyens de la commune voisine le vignoble occupe une place qui ressemble vraiment à un monopole, et qu’il est certainement prolongé de la même façon sur l’autre commune.
Cette omniprésence est vraie pour tous les terrains en aval du chemin de ceinture passant par Saint-Pancrace, c’est vrai pour les premiers coteaux et replats en amont de l’église ruinée, mais encore à l’ouest du Goutail.
Ces images prises une à une sont certes parlantes, mais il est temps maintenant de les synthétiser en utilisant la feuille d’assemblage pour visualiser le vignoble de Réotier en une seule et même fois.
Document n°8 : une vision complète de la commune viticole de Réotier
J’ai indiqué toujours de la même façon les parcelles de vigne en violet, les axes permettant de s’y rendre en rouge, et j’ai ajouté les cercles numérotés correspondant au bâti dans la zone de culture des vignes.
Sans grande surprise le vignoble de Réotier se situe juste au-dessus de la Durance, bien plus étoffé d’ailleurs à l’adret que côté ubac. Ce vignoble aime la pente, forte ou très forte, mais est absent là où les terrains sont plats, que ce soit à l’Isclette ou à l’Iscle, besoin d’ensoleillement oblige.
En fait ce n’est pas la crête de Ville, c’est-à-dire le passage de l’adret à l’ubac qui fait limite, mais la physionomie particulière du terrain après l’habitat du Cros, avec une zone pratiquement sans cote où l’on passe très brutalement de pentes quasi abruptes au plat remarquable, avant de reprendre quelques déclivités moyennes à l’occasion du cône de déjection du torrent de Saint-Thomas.
Saint-Thomas, qui ne compte que quelques parcelles en vigne isolées du reste, n’est pas à proprement parler un vignoble, je soupçonne que les plantations servent simplement à faire le vin des habitants du cru. C’est pourquoi je propose la carte resserrée suivante.
Document n°9 : le vignoble de Réotier
Pour les numéros, se reporter à la carte précédente.
On voit que les vignes se situent dans la zone la plus en aval, et qu’en fonction du relief elles n’hésitent pas à s’abaisser jusqu’à venir lécher les flots de la Durance. Plus précisément, la majorité se trouve en aval de ce que j’appelle la route de ceinture qui passe par les numéros 13 (l’Eglise Vieille), 11 (les Mensolles Basses), 7 (la Gagière), 4 (les Moulinets Bas) et 2 (les trois hameaux du Cros).
Plus haut, la seconde délimitation est constituée par la ligne allant des Gourniers (9) à l’église paroissiale (3).
En résumé et si l’on veut parler en termes d’altitude, en taillant large disons que la majorité du vignoble se situe entre 900 m et environ 1000 m, qu’une minorité se rencontre de ce niveau à 1100 m. Enfin, comme il faut toujours une exception ou un record, on peut noter la présence de vignes quartier de Coste Freyssinière, au sud-ouest de Casses jusqu’à 1150-1160 m d’altitude.
Evidemment, une vision de la situation du vignoble sur une vue satellitaire, e serait plus parlant. Une fois de plus, yaka !
Même si j’ai intitulé cette étude Inventaire patrimonial de Réotier, ce n’est là qu’un recensement, encore incomplet, qui naturellement devra être comparé à la réalité de 2020.
Olivier Peyre, mars-avril 2020